Fémi-favoritisme: quelques définitions (version rééditée)
Étant donné la mauvaise compréhension de plusieurs de mes lecteurs concernant le concept de « fémi-favoritisme », je vais rééditer un vieux billet, avec quelques rares ajouts, concernant surtout le discours confus des anarchistes de gauche, des anarchistes de droite et des libertariens dans ce débat.
Ce billet porte sur une idéologie omniprésente dans la conduite des politiques de l’État Culbécois (je ne parle pas des comportements en dehors des affaires de l’État (particulièrement dans le marché du travail capitaliste soi-disant « privé »), là où le machisme est encore très présent, contrairement à la propagande haineuse des maqueuelinistes): le fémi-fascisme ou si vous voulez être moins caricatural, le fémi-favoritisme. Dans ce billet, j’exposerai mes définitions de certains termes qui sont reliés à cette problématique.
Mais d’abord, je constate de plus en plus que les anarchistes de gauche ont un discours complaisant envers le fémi-favoritisme d’État, et ça me fait profondément chier. Cette complaisance confuse de ces socialistes bien vernis sert bien les intérêts de l’État. Je ne vois pas ce qu’il y a de féministe là-dedans. Il n’y a rien de féministe dans cette apologie du carriérisme et de la continuité du modèle patriarcal hiérarchique capitalo-étatiste et parental tel qu’on le connaît présentement. Il n’y a rien de féministe dans une idéologie étatiste faisant la promotion de la supériorité des femmes contre les hommes.
Je concède ce mérite aux anarchistes de droite et aux libertariens: au moins, ils reconnaissent comme moi que l’idéologie étatiste fémi-favoritiste doit être dénoncée. Malheureusement, le discours de ces conservateurs bien vernis sombre trop souvent dans la vulgate maqueueliniste (bref, du machisme étatiste) et leur apologie du propriétarisme hiérarchique, du travail et du profit fait en sorte qu’ils jouent le jeu des maqueuelinistes. Voilà pourquoi j’abhorre aussi la position des anarchistes de droite et des libertariens concernant le féminisme.
Passons maintenant aux principales définitions que je veux exposer dans ce billet.
Égalité en droit ou de jure: Égalité atteinte lorsque les droits ou l’exercice de ces droits chez les personnes des deux sexes sont égaux.
Égalité substantive ou de facto: Théoriquement, il s’agit de l’égalité factuelle des sexes mais en réalité, il s’agit d’un terme hypocrite pour désigner la supériorité des femmes en droit, ou dans l’exercice de ces droits, par vengeance du passé machiste de l’époque pré-Révolution Tranquille. Voici la description faite dans les Principes de Montréal relatifs aux droits économiques, sociaux et culturels des femmes de 2002:
Les garanties relatives aux droits économiques, sociaux et culturels des femmes qui sont prévues par le droit international doivent être interprétées de manière à garantir aux femmes le bénéfice substantif de leur droit à l’égalité (égalité de facto). Le droit des femmes à l’égalité substantive ne peut être atteint du seul fait de la promulgation de lois et de l’adoption de politiques qui, en apparence, de discriminent pas en fonction du sexe ou du genre (égalité de jure). Les lois et les politiques qui sont en apparence neutres selon le sexe ou le genre peuvent perpétuer l’inégalité fondée sur le sexe parce qu’elles ne prennent pas en compte la position de désavantage économique et social dans laquelle sont situées les femmes, laquelle contribue à maintenir le statu quo. L’égalité de jure ne conduit pas à elle seule à une égalité de facto. L’égalité de facto ou substantive exige que les droits s’interprètent et que les politiques et programmes étatiques à travers lesquels ils sont mis en oeuvre soient adoptés en tenant compte du désavantage social et historique dont les femmes sont victimes. Elle exige également que l’ensemble de ces mesures garantisse aux femmes un bénéfice adapté à leur réalité et proportionnel aux ressources requises à cette fin. Afin de s’assurer que les lois, les programmes et les politiques qui touchent la vie des femmes respectent leur droit à l’égalité substantive, une analyse contextuelle des droits et de besoins des femmes devra être privilégiée.
Autrement dit, sous le prétexte hypocrite de vouloir atteindre l’égalité substantive et pour se venger du fait que les hommes ont été favorisés par l’État catho-fasciste de l’ère pré-Révolution Tranquille, il faut que l’État favorise les femmes, par l’intermédiaire de la violence étatique, la même qui fut utilisée contre les femmes par les catho-fascistes de l’époque pré-Révolution Tranquille.
Maintenant, voici quelques définitions:
Féminisme: Idéologie prônant, d’un point de vue étatique, l’égalité en droit entre les sexes, dans le but de d’obtenir la vraie égalité à long terme, par elles-mêmes et non pas par une violence étatique accrue. De plus, le féminisme doit s’accompagner d’une remise en question, mais non pas une répression étatique, des institutions et des attitudes patriarcales: religion, famille nucléaire, monogamie, possessivité amoureuse, fidélité obligée, romantisme, galanterie, couple, mariage, union de fait, capitalisme (au sens classique étatiste), militarisme, répression policière, salariat, carriérisme, corporation, code vestimentaire, mode (même si ce sont surtout les femmes qui y ont recours, mais pour plaire aux hommes), étiquette, répression sexuelle, politique (au sens étatiste), etc..
Fémi-favoritisme: Idéologie étatiste prônant la supériorité de la femme sur l’homme, en se servant hypocritement du concept d’égalité substantive pour justifier le recours à une violence étatique accrue et à la discrimination positive en faveur des femmes dans les politiques étatistes. Contrairement au féminisme, le fémi-favoritisme se complaît dans beaucoup d’institutions et d’attitudes patriarcales pourtant remises en question par le féminisme, mais en voulant ne garder que les avantages et non pas les inconvénients de ces attitudes et institutions patriarcales passéistes.
Masculinisme (ou maqueuelinisme): Synonyme au masculin de fémi-favoritisme (mais à un degré encore pire que chez les fémi-favoritistes). Réaction hystérique et violente contre le fémi-favoritisme. Terme hypocrite pour désigner une version légèrement adoucie du machisme pré-Révolution Tranquille (sans le retrait du droit de vote des femmes et celui du retrait du droit au travail des femmes et sans quelques autres peccadilles mais pas tellement plus). Cette idéologie étatiste prône un retour au patriarcat et aux valeurs traditionnelles familiales de l’ère pré-Révolution Tranquille par la violence étatique, mais avec moins d’insistance sur la répression catho-fasciste, sauf chez les machistes de Égards. Cette version contemporaine du machisme est particulièrement pernicieuse quand il ne différencie pas le féminisme (une idéologie légitime) du fémi-favoritisme (une idéologie criminelle), quand il blâme les femmes pour les suicides des hommes (ridicule) et quand il banalise la violence conjugale masculine.
Je suis féministe, je trouve le féminisme encore plus pertinent que jamais, encore plus au niveau international, et j’aime beaucoup les femmes (parfois trop) mais accroître la violence étatique n’est pas la bonne solution pour en arriver à l’égalité entre les sexes. Le véritable féminisme se situe dans l’anarcha-féminisme (quoique malheureusement, ces anarchistes de gauche ont la fâcheuse tendance à être trop complaisants envers le fémi-favoritisme) et il doit se faire dans une optique de réduction de la violence étatique pour s’effectuer correctement et en arriver à la véritable égalité des sexes, pas le contraire tel que proposé par les fémi-favoritistes étatistes!
Qu’est-ce que la « violence étatique »? (avec une montée de lait en plus!)
Voici un billet dont l’idée initiale m’est apparue il y a fort longtemps, mais je l’avais laissé tomber par lassitude à l’époque. Mais avant de passer au sujet principal, je tiens à répondre à ce commentaire de Farrucon de Voix de Faits concernant ce torchon étatiste fémi-favoritiste publié par ce blogue anarchiste. 😉
Je crois qu’on a mis le doigt sur le bobo d’anarchomachin ici.
-« LE FÉMI-FAVORITISME D’ÉTAT »
-« Cette discrimination est systématique dans l’appareillage étatique culbécois. Il ne faut pas nier une telle évidence. »
-« Ceci [système d’éducation adapté aux femmes] est la réalité! »
-« Le maqueuelinisme est le pendant masculin du fémi-favoritisme, par contre. »C’est bien beau les formules choc à 3 cents, mais c’est jamais appuyé d’exemples concrets non tirés par les cheveux.
Mais, ne t’en fais pas trop, t’es anonyme sur l’ouèbe et y’a rien à craindre des âneries que tu lances ici!
Premièrement, je ne suis plus anonyme et même si je l’étais, ça n’a rien à voir avec ce que je dis!
Deuxièmement, que ça vous plaise ou non, le fémi-favoritisme d’État est omniprésent dans l’État Culbécois, par exemple dans la composition du Conseil des Sinistres, dans l’existence même du Conseil du Statut Fémi-Favoritiste du Culbec et dans la présomption de culpabilité que subissent les hommes dans le système d’injustice concernant les cas de harcèlement, d’abus sexuel et de violence conjugale. Et grâce à la position ridicule de la Fédération Fémi-favoritiste du Culbec dans le dossier des signes religieux chez les employés de l’État, de plus en plus de militantes féministes commencent à se rendre compte des effets néfastes du fémi-favoritisme d’État. Au fait, avez-vous déjà entendu parler du concept d’égalité substantive, le fer de lance du fémi-favoritisme d’État?
Troisièmement, voici ce qui est écrit dans le site du Conseil de l’Argent Volé Aux CONtribuables de l’État Culbécois:
Les membres de communautés culturelles, les autochtones, les anglophones et les personnes handicapées représentent des composantes importantes de la société québécoise d’aujourd’hui. Le gouvernement du Québec croit primordial de profiter de toute la richesse que peuvent apporter des gens de cultures différentes par leur travail au sein de la fonction publique québécoise.
C’est pourquoi, il a mis sur pied des programmes et a adopté des mesures pour FAVORISER l’embauche des femmes, des membres de communautés culturelles, des autochtones, des anglophones et des personnes handicapées.
Quatrièmement, comparez le taux de décrochage scolaire des hommes et des femmes et vous allez comprendre!
Cinquièmement, le maqueuelinisme prône la supériorité de l’homme et le fémi-favoritisme prône la supériorité de la femme, alors le maqueuelinisme est bel et bien le pendant masculin du fémi-favoritisme!
Finalement, votre billet-torchon étatiste fémi-favoritiste n’est pas pertinent dans un blogue anarchiste! Alors, regardez-vous avant de critiquer ceux qui énoncent des vraies positions anarchistes! Je crois que j’ai mis le doigt sur le bobo de Farrucon!
Maintenant, je tenterai de vous expliquer ce que j’entend par violence étatique. Je vais m’inspirer, entre autres, de ce que j’ai dit à Arwen dans ce commentaire. Pour moi, la définition de la violence étatique est la suivante: tout ce que l’État vous force à faire ou vous empêche de faire (à moins qu’il ne s’agisse d’une agression contre autrui de votre part) est un acte violent perpétré par l’État. Aucun anarchiste ne devrait cautionner la violence étatique, peu importe sous quelle forme elle s’exprime!
Finalement, afin d’illustrer ce qu’est la violence étatique, voici quelques exemples d’expression de cette violence.
Vous forcer à payer vos taxes
Augmenter les taxes
Vous forcer à boucler votre ceinture d’insécurité
Vous empêcher de fumer dans les bars pour adultes
Forcer des employeurs à favoriser les femmes ou tout autre catégorie de personne
Vous forcer à financer une idéologie qui favorise les femmes (ou les hommes comme dans l’ère pré-Révolution Tranquille)
Vous empêcher de vous droguer
Forcer les travailleurs à payer des cotisations syndicales par le biais des monopoles syndicaux (plusieurs anarchistes libertaires en font curieusement la promotion)
Forcer des gens à fermer leur commerce à une heure précise
S’arroger le monopole de quoi que ce soit, par exemple: services publics, initiation de la violence (armée, police), répression de la violence (par le contrôle des armes à feu et par la criminalisation de la résistance à l’arrestation)
Répression policière des manifestants pacifiques
Agresser militairement des territoires étrangers
Peine de mort
Répression des crimes imaginaires sans victime: la principale raison qui explique la brutalité policière, la violence criminelle et l’essor des gangs de rues.
Répression de l’avortement
Subventions gouvernementales
Protectionnisme commercial
Les dispositions « légales » (sic) concernant les corporations: qui permettent à des individus de voler les actionnaires sans conséquence.
Brevets: qui retardent le développement technologique pour enrichir exagérément des corporations.
Bonne réflexion!
Hétérosexisme et homophobie
Étant donné la discussion animée qui a suivi ceci, je vous parlerai encore de l’homophobie dans ce billet.
Du point de vue personnel, il me semble que j’ai une attirance sexuelle exclusive envers les femmes (à bien y penser, je préférerais baiser avec certains hommes plutôt qu’avec Céline Crions: tout est relatif! 😉 ). De plus, même si ça déplait à certaines dames que je connais quand je dis ça, j’ai une préférence pour les femmes rondes. Et ce n’est pas seulement parce que je suis rond moi-même. En effet, contrairement à ce que la propagande fémi-favoritiste prétend, plusieurs hommes minces préfèrent les femmes rondes et plusieurs femmes rondes, même parmi celles qui se plaignent de leur soi-disant laideur parce qu’elles se trouvent grosses, préfèrent les hommes minces. De mon côté, j’ai toujours préféré les femmes rondes, même quand j’étais plus mince au secondaire!
Pourquoi en est-il ainsi? Aucune idée! Consciemment, il n’y a aucune raison idéologique ou sociale qui explique ça. Peut-être que inconsciemment, il en est autrement, mais ça n’a aucune importance que je réponde à cette question. Est-ce que je demande aux femmes rondes qui préfèrent les hommes minces malgré qu’elles se trouvent trop grosses de m’expliquer pourquoi elles ont cette préférence? Non, et c’est très bien comme ça: les femmes rondes ont elles aussi le droit d’avoir cette préférence! Alors ne me demandez pas de vous expliquer mes préférences sexuelles non plus, je ne sais pas pourquoi!
Finalement, je me fiche complètement des préférences sexuelles des autres (en fait, il n’y a rien de plus excitant pour moi que de regarder deux femmes rondes en train de baiser, même si elles se disent lesbiennes et/ou qu’elles me trouvent répugnant!) et je ne demanderai surtout pas à l’État ou à une Église d’intervenir pour castrer psychologiquement les gens qui n’ont pas les mêmes préférences sexuelles que moi. Les préférences sexuelles ne regardent que les individus eux-mêmes: ce n’est pas de mes crisses d’affaires!
D’un point de vue étatiste, en ce qui concerne les droits des hétérosexuels, gais, lesbiennes, bisexuels, transgenres, hermaphrodites, etc., j’estime que les gens doivent tous avoir les mêmes droits. Alors, tant que cette merde qu’est le mariage étatique existera, les homosexuels devraient avoir le droit de se marier et même de fonder une famille. Me suis-je bien fait comprendre? Fin de la discussion sur ce sujet, je dénonce avec véhémence l’homophobie!
Par contre, malgré toutes les bonnes intentions des militants étatistes pour les droits des homosexuels, ceux-ci, de la même façon que les fémi-favoritistes, ne s’attaquent pas à la racine du problème qu’est l’homophobie, i.e. ils ne combattent pas l’hétérosexisme, qui est lui aussi un dogme patriarcal qui est à l’origine du problème du machisme. Homophobie et machisme, même combat! Et tant que l’hétérosexisme tiendra office de vérité absolue, le machisme et l’homophobie vont demeurer omniprésents.
Je présente une définition de l’hétérosexisme. Voici comme on le définit dans Wikipédia:
L’Hétérosexisme dénote à la fois la supposition voulant que tous les gens soient hétérosexuels et la croyance que les personnes hétérosexuelles sont par leur nature supérieures aux personnes homosexuelles et bisexuelles. L’hétérosexisme indique aussi la discrimination et les préjugés qui favorisent les personnes hétérosexuelles plutôt que les gais, lesbiennes, et bisexuels. En tant que tendance à l’égard des personnes hétérosexuelles et à l’hétérosexualité, l’hétérosexisme se trouve « implanté dans et particulier aux importantes institutions sociales, culturelles et économiques de notre société. »[1]
Ainsi, l’hétérosexisme englobe les croyances et attitudes à la base de cette préférence. Les personnes hétérosexuelles n’ont pas l’apanage de l’hétérosexisme. Les gens de toute orientation sexuelle, y compris les gais, les lesbiennes et les bisexuels, ont une capacité à posséder des convictions hétérosexistes, lesquelles sont issues de la notion culturelle essentialiste voulant que la masculinité (le mâle) et la féminité (la femelle) se complètent.
Comme vous venez de le lire, l’hétérosexisme englobe les croyances et les attitudes à la base de cette préférence. Par conséquent, afin d’être réellement efficace à long terme, la lutte pour les droits des gais, tout comme la lutte féministe, doit s’accompagner d’une remise en question, mais non pas par une répression étatique, des institutions, des croyances et des attitudes patriarcales hétérosexistes: religion, famille nucléaire, monogamie, possessivité amoureuse, fidélité obligée, romantisme, galanterie, couple, mariage, union de fait, capitalisme (au sens classique étatiste), militarisme, répression policière, salariat, carriérisme, corporation, code vestimentaire, mode (même si ce sont surtout les femmes qui y ont recours, mais pour plaire aux hommes), étiquette, répression sexuelle, politique (au sens étatiste), etc.
À long terme, si les militants pour les droits des gais et les militants féministes ne remettent pas en question l’hétérosexisme, ils seront condamnés à l’ostracisation hétérosexiste, et le machisme et l’homophobie demeureront omniprésents, malgré les gains positifs obtenus.
Philanthropie, marketing et retour d’ascenseur pseudo-philanthropiques
Ce billet est une réaction à ce billet de Renart Léveillé (attention, je suis d’accord avec lui sur le fond), mais surtout aux commentaires en réponse au billet en question.
Dans Wikipédia, on y définit la philanthropie ainsi: « la philanthropie est la philosophie ou doctrine de vie qui met l’humanité au premier plan de ses priorités. Un philanthrope cherche à améliorer le sort de ses semblables par de multiples moyens, et ce de manière désintéressée. » Je ne vois pas en quoi la charité peut être désintéressée cependant. La charité est toujours intéressée et les donneurs recherchent tous un retour d’ascenseur quelconque, mais pas nécessairement financier (ça peut être psychologique ou social). C’est une croyance religieuse intégriste que de croire que la charité est totalement désintéressée. Mais attention, ça ne veut pas dire que les intentions ne sont pas altruistes à la base.
Afin de mieux circonscrire la notion de philanthropie, il me semble pertinent de distinguer la vraie philanthropie du marketing pseudo-philanthropique et du retour d’ascenseur pseudo-philanthropique.
Ma définition de la vraie philanthropie ressemble à la définition de Wikipédia, mais sans le désintéressement. La vraie philanthropie est une philosophie de vie qui met l’humain au premier plan de ses priorités, par le biais de la solidarité volontaire. Le vrai philanthrope cherche d’abord et avant tout à aider les autres, mais aussi à obtenir des bénéfices non pécuniers (social et/ou psychologique), en risquant même de perdre de l’argent. L’anarchisme eucourage fortement la vraie philanthropie, qui sera le fer de lance de la solidarité volontaire (la vraie solidarité, contrairement à la fausse solidarité forcée de la gau-gauche étatiste) dans une anarchie.
Le système capitalo-étatiste engendre le marketing pseudo-philanthropique: i.e. un mécanisme de marketing capitaliste qui consiste à publiciser une corporation (je vous rappelle qu’il n’y aurait pas de corporations dans un système anarchiste ou libertarien) par le biais d’une charité soi-disant philanthropique, afin d’en obtenir des faveurs pécuniaires à long terme.
Mais il y a encore pire, le retour d’ascenseur pseudo-philanthopique: i.e. un mécanisme de compensation étatique partielle sous le prétexte d’une charité soi-disant philanthropique en retour d’un enrichissement corporatiste soutenu par l’État. Par exemple, la Fondation Chagnon collabore très souvent avec le gouvernemaman culbécois, car les Chagnon (les fondateurs de Vidéoétron) ont fait la majeure partie de leur argent parce que la Caisse des Despotes (à l’époque, c’était le PCUL qui était au pouvoir!) leur a presque donné la société Câblevision Nationale en 1980!
Dans le cas de Bill Gates, il s’agit à la fois d’un marketing et d’un retour d’ascenseur pseudo-philanthropiques. Le retour d’ascenseur provient du fait que Bill Gates a fait son argent en majeure partie grâce à la violence étatique (i.e. lois sur la propriété intellectuelle, copyrights). Voici ce que l’anarcho-mutualiste Kevin Carson en pense:
The « morality » of it depends quite a bit on how that « fortune » was obtained in the first place. And considering that Gates and his partner in crime Ballmer are two of the most odious Copyright Nazis in the world, and that Microsoft’s entire business model depends on state measures like the Digital Millennium Copyright Act to protect them from market competition, it’s fair to say Gates was being generous with stolen money. If you’re looking for someone doing something admirable for the Third World, how about the people promoting open-source software in countries too poor to afford Gates’ gold-plated turd?
La « moralité » de cette générosité dépend un peu de la manière dont cette « fortune » (en anglais « fortune » veut aussi dire « chance »! 😉 ) a été obtenue en premier lieu. Et compte tenu du fait que Bill Gates et son partenaire criminel Steve Ballmer sont deux des plus odieux nazis du copyright dans le monde, et que l’ensemble du modèle d’entreprise de Microsoft dépend de mesures étatiques comme le Digital Millenium Copyright Act afin de les protéger de la concurrence sur le marché, il est juste de dire que Gates est généreux avec l’argent volé. Si vous recherchez des individus qui font des trucs admirables pour le tiers monde, que dire des gens qui font la promotion des logiciels libres dans les pays trop pauvres pour se permettre le tas de marde plaqué-or de Gates?
🙂
La quasi-totalité des opérations corporatistes de charité sont des formes de marketing et/ou de retour d’ascenseur pseudo-philanthropiques qui créent encore plus de pauvreté malgré les prétentions contraires. Ce n’est pas certainement pas ce que les anarchistes et les libertariens ont en tête quand il s’agit de philanthropie. Par contre, les libertariens vulgaires ressemblent beaucoup aux drouatistes étatistes concernant leur apologie aveugle de la soi-disant philanthropie.
Pour terminer, je précise ma pensée concernant les programmes sociaux. Plusieurs lecteurs s’inquiètent des conséquences sociales de ma vision de l’anarchisme, mais contrairement à plusieurs drouatistes étatistes et libertariens (et cette fois-ci, pas seulement les vulgaires!), je n’ai jamais dit qu’il fallait les éliminer immédiatement. D’éliminer immédiatement les programmes sociaux, sans questionner au préalable les fonctions les plus inutiles de l’État, conduirait à une grave dérive vers une drouate étatiste répressive. Bien au contraire, les dépenses reliées aux programmes sociaux (surtout la santé et l’aide sociale, l’instruction dans une beaucoup moindre mesure) sont les moins inutiles d’un État et bien d’autres choses doivent être abolies avant ça. J’estime que la dernière mesure à être désétatisée avant le développement d’une anarchie devrait être l’aide sociale (ou quelconque forme de revenu minimal pour vivre décemment). Je prétends seulement qu’ultimement et à très long terme, la manière la plus efficace possible de répartir équitablement les ressources limitées va survenir dans une anarchie couplée d’un véritable libre marché. Mais pour le moment, on est loin d’en être arrivé là! Je préciserai encore plus ma pensée sur ce sujet un jour.
Quel est votre degré de « propriétarisme »? Et le mien?
Si ce n’est pas déjà fait, je vous suggère de lire mon billet précédent portant sur la possession et la propriété avant de lire celui-ci.
Ce billet vise à combler en partie la faiblesse principale de mon point de vue anarchiste exposé jusqu’à présent dans ce blogue, i.e. ma position sur la question de la propriété n’est pas assez claire. Et non, ce n’est pas le fait que je soie un méchant séparatiste qui est un problème, bien au contraire!
Tout de même, je vais d’abord rappeler certaines définitions provenant de mon billet précédent.
En droit, on distingue trois piliers structurels de la propriété (privée ou étatique) : l’usage, le fruit et l’aliénation (usus, fructus et abusus).
L’usage (usus), c’est le droit d’utiliser d’un bien (maison, pomme, etc.) sans que l’on puisse vous le contester. Le fruit (fructus), c’est la libre jouissance de ce que produit un bien. L’exemple type est le verger ou le potager, dont les fruits (et légumes) vont à l’usufruitier (car celui qui bénéficie des fruits est généralement celui qui détient aussi l’usage – il existe cependant des cas où le détenteur de l’usus n’est pas le même que celui du fructus).
L’exercice de ces deux droits (usage et fruit), c’est la possession, qui permet donc de bénéficier de l’usufruit (i.e. l’usage et le fruit) d’un bien.
Reste l’aliénation (abusus). Ce troisième pilier est ce qui permet au propriétaire de faire de son bien ce qu’il désire, en dehors du simple exercice de possession : le transformer (ajouter un garage à sa maison), le détruire, le prêter, le donner, le louer, le vendre (bref, en faire commerce). C’est en effet du troisième pilier, l’abusus, que naît réellement la propriété : lorsqu’un propriétaire cède en donation ou vente, c’est l’abusus qu’il cède. Notez que usus et fructus suivent le plus souvent, mais pas toujours (si je vends mon appartement, mais que j’en reste locataire, par exemple) et pas nécessairement tout de suite (exemple du viager, où la cession de l’abusus n’est effective qu’au jour du décès du cédant). La propriété est donc l’exercice de ces trois droits (usage, fruit et aliénation).
Une grille d’évaluation de votre degré de « propriétarisme »
Le débat sur la propriété est probablement le débat le plus fondamental chez les anarchistes et il n’y a pas de consensus clair à ce sujet chez les anarchistes. Pire encore, je ne suis même pas certain de ma propre opinion sur ce sujet!
Voici une grille d’évaluation de votre degré de « propriétarisme », inspirée de cette grille provenant du site ozarkia.net. Chaque question contient des choix multiples dont la valeur en points précède le choix. Le degré de propriétarisme est défini comme la somme des pointages de chaque question. Plus votre pointage est élevé, plus votre conception de la propriété ressemble au concept de propriété capitaliste. Mes positions sont en caractères gras.
Q1: Quel mode de propriété devrait s’appliquer au capital de production (machines, usines et autres biens servant à la production)?
A-0 point-Usus seulement, par la coercition étatique.
B-1 pt-Usus seulement, par des ententes collectives volontaires.
C-2 pts-Possession, par la coercition étatique.
D-3 pts-Possession, volontairement.
E-4 pts-Propriété, volontairement.
F-5 pts-Propriété, en légitimant les propriétés acquises par le passé par la coercition étatique (expropriation étatique) ou par une autre forme de violence, mais sans cautionner la violence dans le présent ni dans le futur.
Q2: Quel mode de propriété devrait s’appliquer aux biens de consommation individuelle résultant du travail et de la production? (Note: en général, les anarchistes s’entendent sur le fait que la propriété s’applique à des biens personnels comme des vêtements ou une brosse à dents)
A-0 pt-Usus seulement.
B-2.5 pts-Possession.
C-5 pts-Propriété.
Q3: Quel mode de propriété devrait s’appliquer aux terres et aux habitations?
A-0 pt-Usus seulement, par la coercition étatique.
B-1 pt-Usus seulement, par des ententes collectives volontaires.
C-2 pts-Possession, par la coercition étatique.
D-3 pts-Possession, volontairement.
E-4 pts-Propriété, volontairement.
F-5 pts-Propriété, en légitimant les propriétés acquises par le passé par la coercition étatique ou par une autre forme de violence, mais sans cautionner la violence (expropriation étatique) dans le présent ni dans le futur.
Q4: Votre opinion sur le travail.
A-0 pt-Personne ne doit travailler.
B-2.5 pts-Rien contre le travail, mais celui-ci ne doit pas être lié à la survie.
C-4 pts-Le travail est essentiel à la survie, mais il n’est pas une vertu absolue.
D-5 pts-Le travail est jouissif et est essentiel à la survie.
Q5: Votre opinion sur le profit (i.e. s’enrichir du travail des autres).
A-0 pt-Le profit est un crime qui devrait être aboli par l’État.
B-1 pt-Le profit est un crime qui ne devrait pas exister, mais sans répression étatique.
C-2 pts-Le profit est un vice qui doit être en partie volé par l’État.
D-3 pts-Le profit est un vice qui doit être découragé volontairement, par des mécanismes de libre-marché.
E-4 pts-Le profit est une bonne chose, mais l’État ne doit pas l’encourager.
F-5 pts-Le profit est une bonne chose et doit être encouragé par l’État.
Q6: Est-ce que la monnaie est nécessaire?
A-0 pt-Ni troc ni monnaie.
B-0.5 pt-Pas de monnaie mais troc pertinent.
C-1 pt-Rien contre la monnaie, mais ça ne doit pas être le principal mode d’échange. Le troc est plus intéressant.
D-2 pts-Oui, mais elle doit avoir une valeur réelle avec contrepartie tangible, sans contrôle étatique, et être relié à l’effort fourni dans le travail.
E-3 pts-Oui, mais elle doit avoir une valeur réelle avec contrepartie tangible, et sans contrôle étatique.
F-4 pts-Oui, mais elle doit avoir une valeur réelle avec contrepartie tangible, mais avec contrôle étatique (ou sans valeur tangible sans banque centrale avec masse monétaire fixe comme au Panama)
G-5 pts-Oui, mais elle doit être contrôlée par l’État qui peut l’imprimer et contrôler sa valeur à sa guise, sans valeur réelle tangible.
Mon Total = Q1 + Q2 + Q3 + Q4 + Q5 + Q6 = 3 + 5 + 3 + 2.5 + 3 + 3 = 19.5 points sur 30
J’aimerais que vous faites la même chose que moi, que vous soyez anarchiste ou pas. Ce n’est pas un jugement de valeur de ma part (même envers mes comparses anarchistes), je veux seulement en savoir plus sur votre opinion concernant cette problématique. Les réponses aux questions sont plus intéressantes que le pointage total, qui n’est là qu’à titre indicatif. De plus, mes réponses ne sont pas définitives (sauf Q4) et je suis même prêt à ce que vous me fournissiez des arguments pour que je change d’idée!
J’y reviendrai une autre fois!
Possession et propriété (version rééditée)
Je republie ce vieux billet dans le but de vous préparer à mon prochain billet portant sur la question de la propriété. Je vous suggère aussi de lire cet excellent billet d’Anne Archet, qui m’a fourni la motivation pour que je revienne sur ce concept.
Dans ce billet, on y définira les concepts de possession et de propriété. Je me permettrai de citer librement (sans guillemets ni références) le texte d’un certain Thierry de anarchie.be. Vous pouvez m’accuser de plagiat ou de manquer d’originalité si vous voulez: je plaide coupable à ces deux accusations mais je suis non-coupable du crime de nationalisme!
En droit, on distingue trois piliers structurels de la propriété (privée ou étatique) : l’usage, le fruit et l’aliénation (usus, fructus et abusus).
L’usage (usus), c’est le droit d’utiliser d’un bien (maison, pomme, etc.) sans que l’on puisse vous le contester. Le fruit (fructus), c’est la libre jouissance de ce que produit un bien. L’exemple type est le verger ou le potager, dont les fruits (et légumes) vont à l’usufruitier (car celui qui bénéficie des fruits est généralement celui qui détient aussi l’usage – il existe cependant des cas où le détenteur de l’usus n’est pas le même que celui du fructus).
L’exercice de ces deux droits (usage et fruit), c’est la possession, qui permet donc de bénéficier de l’usufruit (i.e. l’usage et le fruit) d’un bien.
Reste l’aliénation (abusus). Ce troisième pilier est ce qui permet au propriétaire de faire de son bien ce qu’il désire, en dehors du simple exercice de possession : le transformer (ajouter un garage à sa maison), le détruire, le prêter, le donner, le louer, le vendre (bref, en faire commerce). C’est en effet du troisième pilier, l’abusus, que naît réellement la propriété : lorsqu’un propriétaire cède en donation ou vente, c’est l’abusus qu’il cède. Notez que usus et fructus suivent le plus souvent, mais pas toujours (si je vends mon appartement, mais que j’en reste locataire, par exemple) et pas nécessairement tout de suite (exemple du viager, où la cession de l’abusus n’est effective qu’au jour du décès du cédant). La propriété est donc l’exercice de ces trois droits (usage, fruit et aliénation).
La possession assure déjà tout ce que désire l’anarchiste soucieux de son toit et de son intimité, puisque, même en droit bourgeois, l’adage vieux comme Rome dit « Possession vaut droit ». En effet, si vous êtes en possession d’un bien, on part du principe que vous êtes dans votre droit. C’est pour cela, par exemple, qu’un litige sur un appartement loué ne peut commencer par une expulsion unilatérale puisque celle-ci est une agression contre le droit de vivre (à moins qu’un autre logement convenable ou qu’un refuge temporaire pour ce locataire soit disponible immédiatement pour mettre fin à l’agression) alors que pour les libertariens, cela est l’exercice légitime du droit de propriété qui respecte le principe de non-agression.
(AJOUT: précision importante en raison d’un commentaire de Philippe David. Il n’est pas question ici de faire l’apologie des locataires mauvais payeurs, vandales et violents. Il est du devoir du locataire et du possesseur du bloc appartement de respecter, dans la mesure du possible, l’entente gré-à-gré entre les deux parties. Il ne s’agit ici que d’insister sur la priorisation du droit de vivre du locataire, en l’absence d’une agression contre le possesseur du bloc ou les autres locataires par le locataire en question, et d’un appel à la négociation. Bien sûr, si le droit de vivre du locataire n’est pas directement menacé par l’expulsion (par exemple, si un autre logement est disponible rapidement ou si un refuge temporaire convenable est rapidement disponible), l’expulsion du locataire par le possesseur du bloc est légitime dans toutes les circonstances où le locataire n’a pas respecté ses obligations envers le possesseur du bloc, après un processus d’arbitrage et de résolution de conflit (le pendant anarchiste du recours juridique) adéquat. De plus, le droit de vivre incluant le principe de non-agression, si l’intégrité de la possession du possesseur du bloc appartement et que le droit de vivre des autres locataires ou du possesseur du bloc sont menacés directement, le droit de possession des autres locataires et du possesseur du bloc fait en sorte que ces droits de vivre ont priorité sur celui du locataire fautif (justement parce qu’il est fautif), ce qui rend légitime l’expulsion immédiate (tout en reconnaissait le droit du présumé fautif de se défendre dans un processus d’arbitrage et de résolution de conflit adéquat), car cela constitue une légitime défense. De plus, il ne s’agit pas non plus de porter entièrement le fardeau de la recherche d’un nouveau logement sur les épaules du possesseur du bloc, même si celui-ci peut aider. C’est au locataire lui-même d’assumer sa relocalisation mais il faut lui laisser le temps nécessaire pour accomplir cette tâche. De plus, tout ce que j’ai dit ici suppose l’absence de l’État et ne s’applique donc pas au contexte de la réglementation étatique des logements au Québec, car l’État doit se porter garant du droit de vivre des citoyens quand il vole les CONtribuables à ce point. Plusieurs anarcho-socialistes ne seront pas d’accord avec mon interprétation de la possession, plus libérale que le simulacre étatiste de droit de propriété des soi-disant propriétaires de logement au Québec, mais je m’en crisse!)
On voit donc que la propriété ne libère pas complètement (la propriété privée est quand même moins pire que l’appropriation et surtout l’expropriation étatiques!): elle enserre dans un carcan sous prétexte de stabilité dans les rapports sociaux l’ensemble des biens d’une manière telle qu’un homme peut mourir de soif à côté d’un puits ou de froid près d’un hôtel vide. Bien sûr, les libertariens et les drouatistes étatistes vont vous dire que la charité privée sera là (avez-vous remarqué que les drouatistes étatistes ne prônent jamais la charité privée quand il s’agit de guerres impérialistes et de répression des crimes imaginaires sans victime?) mais je ne peux pas se contenter d’une telle garantie hypothétique.
Pour moi, le plus gros problème avec la propriété, c’est qu’elle a un caractère immuable qui ne peut pas être remis en question, sauf par une transaction gré-à-gré, même quand ce caractère immuable menace le droit de vivre des êtres humains qui sont concernés par ladite propriété.
De plus, lorsque l’État soutient le droit de propriété, celle-ci a un caractère confiscatoire et liberticide. En effet, comme le dit si bien cet extrait des cahiers d’Anne Archet:
L’État ne pourrait exister si notre capacité de déterminer nous-mêmes les conditions de notre propre existence en tant qu’individus associés librement les uns aux autres ne nous avait pas été volée. Cette dépossession est l’aliénation sociale fondamentale, celle qui permet toutes les formes de domination et d’exploitation. On peut la retrouver à l’origine de l’imposition du principe de Propriété, qu’on peut définir simplement comme la confiscation par un individu ou une institution (privée ou publique) des outils, des espaces et des ressources nécessaires à la survie, les rendant inaccessibles aux autres. Cette confiscation est rendue possible grâce à l’exercice ou la menace de violence. Privés de tout de qui leur est nécessaires pour créer leur propre vie, les dépossédés sont contraints de se conformer aux diktats des propriétaires autoproclamés de la richesse s’ils veulent simplement assurer leur survie — ce qui n’est rien d’autre que de la servitude, de l’esclavage. L’État est l’institutionnalisation de ce processus qui transforme l’aliénation de la capacité des individus à déterminer les conditions de leur propre existence en une concentration de pouvoir concentré entre les mains d’un petit nombre.
Voilà un point que semble trop souvent oublier les libertariens (surtout les vulgaires) et les anarcho-capitalistes . Même si ceux-ci reconnaissent que l’utilisation de la force pour s’approprier quelque chose est illégitime actuellement, comment peut-on considérer comme légitime une propriété qui a été acquise dans le passé par des agressions qui vont même à l’encontre du principe de non-agression (et a fortiori le droit de vivre) qui est si cher aux libertariens et aux anarcho-capitalistes?
Ma position (incomplète, j’en conviens) sur cette question
Contrairement à la quasi-totalité des anarcho-socialistes, je trouve préférable une société anarcho-capitaliste, basée sur des ententes gré-à-gré et un droit de propriété non protégé par un État (ou protégé par un État minimal chez les libertariens minarchistes), à des sociétés étatistes comme celles de la gau-gauche étatiste ou pire encore, la drouate étatiste. Par conséquent, je considère que la propriété, en l’absence de l’État, est tout de même moins inacceptable que la propriété privée soutenue financièrement par l’État, ou pire encore la propriété publique, ou encore plus gravement l’expropriation étatique (pensez aux cas de l’aéroport de Mirabel et du dossier Rabaska pour vous convaincre des effets néfastes des expropriations étatiques!). En effet, la vente gré-à-gré d’une propritété unifamiliale est certainement plus sain que la dépossession étatique de votre propre terrain sans votre consentement!
Par contre, en l’absence de l’État, je considère que, dans certains cas, le droit de propriété constitue une menace au droit de vivre, ce qui n’est pas le cas du droit de possession.
Aussi, certains anarchistes ne considèrent que la partie fruit du droit de possession, ne reconnaissant pas la partie usage. Ils sont donc considérés comme des anarchistes anti-possession et je rejette cette forme d’anarchisme, car il en résulterait un chaos invivable qui irait à l’encontre de la liberté individuelle.
Bref, je préfère la possession à la propriété, mais peut-on imaginer un compromis encore plus intéressant entre ces deux droits? J’en reparlerai bientôt.
Anarchie n’égale pas chaos
À chaque fois que des émeutes éclatent comme celle qui a eu lieu à North Montreal (pour mes lecteurs hors-Québec, Montreal ne peut plus tellement être considérée comme une ville francophone, quoique North Montreal est très francophone merci) hier soir et cette nuit, les étatistes nous ramènent toujours la sempiternelle campagne de peur en associant tendancieusement anarchie et chaos.
Des animateurs de radio, comme Sylvain le Bouché du 93.3 FM à Culbec City (le village reculé néo-conservateur et militariste où j’habite, la soi-disant capitale de « La Belle Province of Quebec ») et même des journaleux sérieux comme Normand Sphincter (merci André Arthur qui a trouvé ce jeu de mots: Arthur étant un animateur de radio de Culbec City, que je méprise profondément, actuellement député-parasite dans le parlemaman canadian, mais en dehors des partis politiques), qui est tout de même souvent intéressant, s’en donnent à coeur joie en dénonçant l’ « anarchie totale » qui règne à Montreal, comme si l’État n’était pas encore aussi omniprésent, voleur et répressif, et qu’il n’avait pas causé en partie ce chaos. La même chose s’est produite lorsqu’il y a eu une émeute après une victoire des Montreal Habs en séries éliminatoires ce printemps.
Dans son billet intitulé sarkozyquement Montréal-Nord et sa racaille (comme quoi la sarkozydose se répand plus vite que la grippe aviaire, ce qui commence à être une sérieuse épidémie auquel les fascistes de la santé publique doivent s’attaquer promptement!), Belz tombe dans le même panneau propagandiste étatiste et éructe cette vomissure suivante:
Ces émeutes sonnent un coup de glas non seulement pour ceux qui croyaient que nous avions la bonne solution en matière d’intégration des immigrants, mais également pour ceux qui voient dans le nationalisme un ennemi pouvant causer des guerres; ce qu’on a observé dans ces émeutes est ce qui se produit lorsqu’il y a moins d’État: l’anarchie. La voilà la belle utopie de chars qui brûlent et de Négros frappant à coup de barres de fer dans les autobus de la STM.
Pfffffffffffffffffffffffffffffffff! Cliché!
Je suggère aux lecteurs d’aller consulter la définition de l’anarchie dans Anarchopedia où, entre autres, on y dit ceci:
L’anarchie aux yeux des anarchistes n’est pas un chaos, mais la situation harmonieuse résultant de l’abolition des pouvoirs coercitifs et de toutes ses formes (dont le gouvernement et l’exploitation de l’homme par l’homme) ; l’anarchie « c’est l’ordre moins le pouvoir « , « la plus haute expression de l’ordre » (Elisée Reclus). Basée sur l’égalité entre les individus, l’association libre, bien souvent par le fédéralisme et l’autogestion. L’anarchie est donc organisée, structurée, sans admettre pour autant, aux yeux des anarchistes, de principe de supériorité quelconque de l’organisation sur l’individu.
(Il faudrait aussi ajouter les mécanismes d’un véritable libre-marché (attention: pas celui du capitalisme tel qu’on le connait!) au fédéralisme et à l’autogestion (quoique l’autogestion et le véritable libre-marché vont bien ensemble) pour que ça soit complet à mon avis (les libertaires ne seront pas tout à fait d’accord). Ne pas considérer le fédéralisme sous l’angle étatiste, mais bien sous l’angle anarchiste. Faut dire que plusieurs anarchistes libertaires confondent les deux angles et ça explique en partie (mais la raison principale est la fallacieuse équation séparatisme=nationalisme) pourquoi ils sont contre la séparation du Québec.)
De plus, encore une fois chez Anarchopedia, on définit l’anomie comme suit
L’anomie comme désordre social n’est pas à confondre avec l’anarchie. Le mot « anarchie » révèle l’absence de chefs, de hiérarchie, de commandement alors que le mot « anomie » se réfère à l’absence de règles, de structure, d’organisation. Beaucoup d’opposants à l’anarchisme affirment que l’anarchie mène nécessairement à l’anomie. Ce à quoi répondent les anarchistes que la société actuelle avec la hiérarchie et le commandement crée le chaos et l’anomie plutôt que l’ordre.
Ce n’est pas parce qu’il y a chaos qu’il y a anarchie, ni l’inverse. Il y a eu une situation de chaos social à North Montreal, mais à ce que je sache, North Montreal n’est pas un terrritoire anarchiste et leurs CONtribuables se font toujours voler par la Montreal City, l’État Québécois et l’État Canadian. Actuellement, il y a une situation de chaos politique en Belgique, et pourtant la Belgique n’est pas un territoire anarchiste, et la police flamande de la langue place toujours la loi 101 Culbécoise au rang de curiosité inoffensive (tout de même, la partie affichage de la loi 101 est inacceptable).
J’invite aussi mes lecteurs à aller lire ce superbe manifeste anarchiste d’Anselme Bellegarrigue. Vous constaterez qu’on est très loin d’y faire l’apologie du chaos!
Autre chose, quand Belz nous dit ceci: « ceux qui voient dans le nationalisme un ennemi pouvant causer des guerres« , j’ose croire qu’il ne veut pas dire que le nationalisme n’est pas une cause majeure des guerres dans le monde!
Je ne peux pas approuver la violence perpétrée hier soir par les casseurs lors de cette émeute mais il ne faut pas oublier ce qui a mis le feu aux poudres: l’assassinat de Freddy Villanueva. Et sur ce point, je suis d’accord avec le Mouton Marron et avec Farruco de Voix de Faits.
En terminant, une question pour lancer un débat: Quelles sont les raisons qui font en sorte que les gangs de rues existent?
Redéfinir l’anarcho-pragmatisme (partie I)
Depuis le début de ce blogue, ma pensée a évolué ou, à tout le moins, une évolution sémantique s’est produite dans mon discours qui diffère un peu maintenant de mes prétentions initiales tel que définies dans mon tout premier billet Qu’est-ce que l’anarcho-pragmatisme?. Pour chacun des paragraphes du ce tout premier billet, je vais exposer l’ancienne version, la nouvelle version et des explications. La nouvelle version est entièrement réeditée sur la page ANARCHO-PRAGMATISME?.
Ancienne version (paragraphe 1): L’anarcho-pragmatisme, c’est mon idée, ma conception rationnelle de ce que devrait être l’anarcho-socialisme. Idéologiquement parlant, il n’y a rien d’original: l’anarcho-pragmatisme est exactement la même chose que l’anarcho-socialisme, mais du point de vue des attitudes et du cheminement pour en arriver (ça n’arrivera pas de notre vivant) à l’idéal anarcho-socialiste, cela est fort différent de ce qui a été fait jusqu’à maintenant.
Nouvelle version (paragraphe 1): L’anarcho-pragmatisme, c’est mon idée, ma conception rationnelle de ce que devrait être l’anarchisme. Idéologiquement parlant, il n’y a rien d’original: l’anarcho-pragmatisme est exactement la même chose ou presque que chacune des formes de l’anarchisme (ex: anarcho-socialisme, anarcho-mutualisme, anarchisme de marché (ce que je désignais malencontreusement par anarcho-capitalisme)) mais du point de vue des attitudes et du cheminement pour en arriver (ça n’arrivera pas de notre vivant) à l’idéal anarchiste, cela est différent de ce qui a été fait jusqu’à maintenant.
Explication (paragraphe 1): Je ne me définis plus comme un anarcho-socialiste. En fait, l’anarcho-pragmatisme devient progressivement un hybride entre l’anarcho-mutualisme et l’anarchie de marché. Bref, l’anarcho-pragmatisme est plus proche de l’anarchisme de marché que de l’anarcho-socialisme, mais sans rejeter celui-ci. Des blogueurs comme François Tremblay, Kevin Carson, Per Bylund et Jeremy de Social Memory Complex m’ont amené à ce changement, peut-être plus sémantique qu’idéologique cependant.
Ancienne version (paragraphe 2): Je prétends que le moment est venu pour le mouvement anarcho-socialiste d’utiliser une approche plus rationnelle et moins émotive afin d’éviter cette-fois-ci les dérives violentes et totalitaires qui ont fait très mal à la crédibilité de l’anarcho-socialisme et qui sont à l’origine de la marginalisation actuelle de cette idéologie.
Nouvelle version (paragraphe 2): Je prétends que le moment est venu pour le mouvement anarchiste d’utiliser une approche plus rationnelle et moins émotive afin d’éviter cette-fois-ci les dérives violentes et totalitaires qui ont fait très mal à la crédibilité de l’anarchisme et qui sont à l’origine de la marginalisation actuelle de cette idéologie.
Explication (paragraphe 2): Ma critique n’a pas à être restreinte à l’anarcho-socialisme et s’adresse à l’ensemble des anarchistes.
Ancienne version (paragraphe 3): Le but de ce blogue est de vous présenter les tenants et aboutissants de l’approche anarcho-pragmatiste afin de convaincre le plus de Québécois (au sens territorial du terme) possibles de sa pertinence. De plus, je me permettrai de commenter certaines questions d’actualité selon l’approche anarcho-pragmatiste.
Nouvelle version (paragraphe 3): Le but principal de ce blogue est de vous présenter les tenants et aboutissants de l’approche anarcho-pragmatiste afin de convaincre le plus de Québécois (au sens territorial du terme) possibles de la pertinence de l’anarchisme. Un autre but est d’unifier toutes les forces anarchistes, faire valoir leurs similitudes et s’entendre sur des stratégies communes pour combattre l’État. De plus, je me permettrai de commenter certaines questions d’actualité selon l’approche anarcho-pragmatiste.
Explication (paragraphe 3): L’atteinte du but principal progresse lentement, mais ça progresse quand même. Je suis ravi de constater qu’il y a beaucoup plus d’étatistes qui lisent ce blogue en proportion par rapport à la moyenne des blogues anarchistes que je connaisse. L’unification des forces anarchistes autour de leurs nombreuses similitudes est un point fort important si nous voulons que le mouvement anarchiste prenne un envol vigoureux au Québec. Ma peur est que ma sympathie envers l’anarchisme de marché ne m’aide pas, même si je ne rejette pas l’anarcho-socialisme.
Ancienne version (paragraphe 4): Mon rêve le plus fou, c’est que ce blogue devienne un jour l’analogue anarcho-pragmatiste du blogue du Québécois Libre, un blogue libertarien qui est à mon humble avis le meilleur blogue politique au Québec. Mais pour y arriver, je ne pourrai pas le faire seul. Espérons que je sois suffisamment convaincant pour qu’un mouvement anarcho-pragmatiste puisse se développer au Québec.
Nouvelle version (paragraphe 4): Mon rêve le plus fou, c’est de convaincre une collaboratrice de publier ici, même si elle ne partage pas entièrement toutes mes idées en tant qu’individu. Espérons que je sois suffisamment convaincant pour que le mouvement anarchiste prenne encore plus de place au Québec.
Explication (paragraphe 4): Plus réaliste. Je préfère une collaboratrice à un collaborateur, car l’anarchisme a aussi besoin des femmes pour s’épanouir et je suis, par ailleurs, agréablement surpris que ce blogue attire beaucoup plus de lectrices en proportion que la moyenne des autres blogues anarchistes que je connaisse et ce, malgré mes positions anti-fémi-favoritistes. Et de plus, je ne vois aucun mal à de l’anarcho-fémi-favoritisme qui ne me regarde que moi et qui n’est imposé à personne!
Dans le prochain billet de cette série, je définirai un peu plus exhaustivement en quoi consiste l’anarcho-pragmatisme, dans le but de mieux vous (et même me) faire comprendre où je m’en vais avec tout ça.
Libertarianisme vulgaire
J’ai beaucoup de respect pour le libertarianisme en tant qu’idéologie (beaucoup plus que l’étatisme), car fondamentalement, l’idéologie anarcho-capitaliste est presque tout à fait semblable à celle de l’anarcho-pragmatisme (et donc, de l’anarcho-socialisme), sauf que le libertarianisme se base sur le principe de non-agression et l’anarcho-pragmatisme se base sur le droit de vivre, ce qui est tout de même une différence fort importante et fondamentale.
Par contre, un point m’a toujours turlupiné dans le discours de nombreux libertariens: leur fâcheuse tendance contradictoire à s’allier avec les drouatistes étatistes sur les questions économiques et à défendre comme eux le libre-marché (soi-disant libre-marché chez les drouatistes étatistes) à partir d’exemples provenant du capitalisme moderne, qui est un corporatisme d’État qui n’a pas grand-chose à voir avec le libre-marché, tout en critiquant (et cette critique-ci est légitime) les gau-gauchistes étatistes et même plusieurs anarcho-socialistes qui prétendent que nous vivons actuellement en Occident dans un régime de libre-marché capitaliste sauvage (les gau-gauchistes étatistes et plusieurs anarcho-socialistes ajoutent souvent le sobriquet péjoratif « néo-libéral » ou « ultra-libéral » pour amplifier la catastrophe), alors que les États occidentaux en général grossissent de plus en plus.
Pourtant, même en Occident, le système capitaliste contemporain n’a pas grand-chose à voir avec le libre-marché, avec toute l’organisation étatique qui le chapeaute, par exemple: OMC, banques centrales (avec leur planche à billets, leurs réserves fractionnaires et leur monnaie sans contrepartie métallique), subventions aux corporations, monopoles privés (tous créés par l’État), bourses publiques, lois sur les faillites, lois sur les compagnies, complexe militaro-industriel, externalisation des coûts des entreprises par l’État, Commission Trilatérale, Groupe Bilderberg, Conseil des Relations Étrangères, cartels pétroliers, brevets et copyrights. Cela ne veut pas dire que les libertariens ne dénoncent pas cet appareillage étatique qui fait l’affaire des corporatistes de la drouate étatiste, bien au contraire les libertariens le critiquent avec véhémence, mais ils ont trop souvent tendance à le mettre de côté quand il s’agit de promouvoir les avantages du libre-marché. Cette maladie est fort courante chez les libertariens.
Les deux premiers paragraphes résument mon idée personnelle très embryonnaire sur cette question. Maintenant, voyons voir ce que d’autres anarchistes en pensent. Le reste de ce texte manquera d’originalité et s’inspirera fortement de ce texte de Per Bylund, mais j’indiquerai clairement les références.
Cette dérive logique que j’ai décrite a été surnommée libertarianisme vulgaire par l’anarcho-individualiste Kevin Carson. Voici ce qu’il en dit:
Vulgar libertarian apologists for capitalism use the term « free market » in an equivocal sense: they seem to have trouble remembering, from one moment to the next, whether they’re defending actually existing capitalism or free market principles. So we get the standard boilerplate article in The Freeman arguing that the rich can’t get rich at the expense of the poor, because « that’s not how the free market works »–implicitly assuming that this is a free market. When prodded, they’ll grudgingly admit that the present system is not a free market, and that it includes a lot of state intervention on behalf of the rich. But as soon as they think they can get away with it, they go right back to defending the wealth of existing corporations on the basis of « free market principles. »
Autrement dit, sous prétexte de défendre le libre-marché, les libertariens vulgaires cautionnent (souvent involontairement) des injustices inacceptables causées par les grandes corporations soutenues par l’État, et qui s’enrichissent sur le dos des citoyens et des travailleurs.
Mais les critiques les plus intéressantes du libertarianisme vulgaire proviennent de Per Bylund, un libertarien que je considère être « quasiment anarcho-pragmatiste », tout comme Carson, parce qu’il cherche tout comme moi à rallier toutes les forces anarchistes contre l’étatisme.
À propos de la défense acharnée des libertariens en faveur du quasi-monopole de Microsoft contre les lois anti-trusts, Bylund dit:
Vulgar libertarians would gladly defend Microsoft against more state regulation. A worthy cause, perhaps (all state regulation is bad), but Microsoft is not only crippled by regulation – it feeds of state-enforced and state-invented monopoly rights such as “intellectual property ».
Autrement dit, le quasi-monopole de Microsoft que défendent les libertariens contre l’intervention étatique est lui-même une créature de leur pire ennemi, l’État!
À propos des salaires bas et des mauvaises conditions de travail, Bylund met en commun la rhétorique des drouatistes étatistes et des libertariens vulgaires:
Yes, the “right” speaks of the free market and the need for deregulation and providing favorable conditions for a strong and healthy business community. They speak of free market economics and use free market logic while arguing that low wages and poor working conditions are not problems–people with such jobs chose these jobs voluntarily.
So far, the language and arguments are strikingly similar (if not the same) to the ones many libertarians use. I’ve heard many libertarians agree with conservatives and other right wing politicians on economic issues–joining forces against the “left.” I too argue low wages and poor working conditions are not necessarily problematic–in the free market. The wording is the same, but the argument is quite different.
Those small words, in the free market, are most important because without them, the argument fails and is utterly false. Can it really be “voluntary” to choose only from shitty jobs in a regulated economy where most work options have been made unavailable and a job is necessary to generate monetary income to pay taxes? I say it is not. Even if you make the choices yourself, it cannot be considered a voluntary choice to pick a least bad option from the options remaining within a suffocating framework of coercive measures.
Aussi, Bylund ajoute ceci:
Free market arguments are simply not applicable to the real world as it is. They are only applicable as arguments for the superior functions and mechanisms of the free market. And the free market itself is a great standard to which the real economy can and should be assessed–to make clear its inefficiencies and injustices as well as providing an outstanding alternative. You cannot, however, make your own mix of the two; using free market logic to argue for low salaries and bad working conditions in contemporary state economy is simply a mistake.
La même rhétorique a été utilisée par les libertariens dans le dossier des sweatshops et du travail des enfants (alors que ça va clairement à l’encontre du principe de non-agression) et dans le dossier des OGM (pensez à Monsanto), par exemple.
(parenthèse en passant concernant le travail des enfants: loin de moi l’idée de demander à l’État culbécois ou à un autre État de légiférer sur le travail des enfants dans un pays étranger: il ne faut jamais appuyer une telle chose! De plus, je comprends très bien le point de vue des drouatistes étatistes et de plusieurs libertariens comme Carl-Stéphane Huot quand ils disent que les enfants qui travaillent dans des sweatshops ont amélioré leur situation, à défaut de mieux, ce qui est un très bon argument contre les réglementations étatiques ou l’aide humanitaire étatique (mais pas les ONG) qui viseraient à contrer ce phénomène. Par contre, le principal problème est justement le à défaut de mieux qui est causé par l’État et qui n’a rien à voir avec le libre-marché: la logique serait d’abord et avant tout de dénoncer en premier lieu les mesures coercitives étatiques qui créent cette situation, plutôt que de prétendre qu’il s’agit d’un passage obligé. Pour cette raison, j’appuierai toujours les boycotts volontaires (et non pas étatiques) pour dénoncer cette situation mais jamais la réglementation étatique protectionniste ni l’aide humanitaire étatique pour la contrer. Et ne me dites pas qu’il faut encourager ce genre de violence qui va à l’encontre du droit de vivre et du principe de non-agression, en surconsommant les produits des sweatshops (la consommation n’est pas le moteur de l’économie) au nom de la sacro-sainte croissance économique! N’est-ce pas, espèce de crosseur giratoire droitiste étatiste à marde?)
La pire racaille de libertariens vulgaires au Culbec est représentée par l’Institut Économerdique de Montréal (Le Québécois Libre et son blogue sont beaucoup moins pires) et en particulier par la surévaluée intellectuelle mais baisable Nathalie Elgrably, qui passe le plus clair de son temps à vomir ce genre d’argumentaire dans les journaux de Culbécor. En particulier, l’IEDM a utilisé le même genre d’argument dans leur campagne de progagande haineuse contre les étudiants universitaires (alors que le véritable problème est le monopole d’État dans l’instruction publique) et les bs (alors que le véritable problème est la bureaucratisation et la diversification exagérée des programmes de soutien au revenu, ainsi que la réglementation anti-investissement qui limite l’accès à l’emploi), dans leur appui à la privatisation d’Hydro-Québec (alors qu’en fait, ce serait un monopole privé créé par l’État) et dans leur appui aux PPP (une socialisation des risques et une privatisation des profits qui n’a rien à voir avec le libre-marché). Évidemment, tout cela constitue une mine d’or pour les médias-poubelles qui jouent le jeu des corporatistes de la drouate étatiste, ce qui fait monter les cotes d’écoute ou le tirage et augmente leurs profits.
Le concept de libre-marché ne s’applique pas dans un marché corporatiste non-libre soutenu par l’État comme nous connaissons en ce moment. Par contre, bien que l’anarcho-pragmatisme ne le soutienne pas complètement, ce concept constitue une critique puissante de l’étatisme lorsqu’il est utilisé à bon escient. De la même façon que l’anarcho-socialisme et le libertarianisme ne se mélangent pas bien avec la gau-gauche étatiste ou avec la drouate étatiste, ce qui est une évidence, mais qu’ils en sont des critiques puissantes de celles-ci.
Les libertariens auraient intérêt à se dissocier le plus possible de la drouate étatiste, dont l’idéologie constitue une menace sérieuse pour l’humanité, afin d’éviter de sombrer dans un monde encore pire que celle de la gau-gauche étatiste et qui serait très loin d’être libertarien. Le mur de Berlin est tombé: il est temps d’évoluer et de passer à autre chose que de ne se concentrer que sur l’anti-communisme étatiste.
Pour terminer, je vous recommande ce très intéressant vidéo portant sur le libertarianisme vulgaire réalisé par un jeune auteur inconnu de 19 ans. Une critique très lucide du libertarianisme vulgaire qui vaut la peine d’être vu et qui en dit beaucoup plus que ce billet! De plus, je vous recommande cet autre billet de Per Bylund, qui m’a appris l’existence du terme « libertarianisme vulgaire » même si j’étais au fait depuis très longtemps de cette dérive logique de la part de nombreux libertariens. Une autre lecture intéressante est ici.
Note: Une maladie semblable existe chez les anarcho-socialistes, je l’appelle l’anarcho-étatisme. J’en reparlerai un jour et j’en ai encore plus long à dire sur cette maladie.
Précision (merci Renart): Le libertarianisme vulgaire n’est pas une idéologie, c’est une dérive logique dans le discours de plusieurs libertariens. Ça ne veut pas dire que les convictions profondes sont nécessairement différentes.
Précision concernant le néo-libéralisme
Dans un billet précédent, intitulé Quelques précisions sur les termes, j’avais écrit ceci:
Le terme néo-libéral est devenu au fil du temps un sobriquet péjoratif utilisé surtout par les gau-gauchistes étatistes pour désigner tout zélateur d’une plus grande liberté économique ou d’un État plus corporatiste.
À la suite de ce commentaire judicieux de Épistémè, j’ai procédé à cet ajout dans le billet en question:
Ce terme désigne aussi une réalité comtemporaine, i.e. la résurgence (variable) des idées classiques et néoclassiques dans les cercles, thinktanks et lobbys à tendance libertarienne proches du pouvoir et en économie (chez les économistes à tendance libertarienne). Et ceci, spécifiquement, par opposition au libéralisme keynésien, qui est le concept soi-disant « libéral » défendu par les partis politiques dits « libéraux » en Occident.
Merci à Épistémè pour sa judicieuse suggestion. Épistémè fait partie de l’équipe de Reactionism Watch, un blogue fort intéressant malgré les sempiternelles chicanes (et encore là, cela rend ce blogue plus amusant!) entre Sylvain Guillemette le communiste, Jacques Saint-Pierre le drouatiste étatiste et un certain Cowboy. Je ne suis pas tout à fait d’accord avec tout ce qui y est dit mais j’apprécie leur concept de « surveillance de la drouate étatiste internationale ». Ça me plait! De plus, leurs critiques anti-impérialistes sont fort intéressantes. Merci de m’avoir placé sur votre blogoliste!
AJOUT (Merci Arnold S): En raison de ce commentaire de Arnold S., j’ai procédé aussi à cet ajout:
Cependant, ce terme ne décrit pas une idéologie, elle ne décrit qu’une renaissance intellectuelle contemporaine des idées à tendance libertarienne en économie et dans les cercles, lobbys et thinktanks proches du pouvoir. De plus, aucun économiste à tendance libertarienne n’utilise ce terme pour décrire son idéologie. Pour ces raisons (incluant le caractère péjoratif que j’ai décrit plus tôt), je n’utiliserai jamais ce terme dans ce blogue, sauf lors des rarissimes occasions où je ferai référence à ce billet en particulier, i.e. le moins souvent possible.
Dernières indignations