Ce billet est une traduction-adaptation partielle de ce billet de François Tremblay. Il devrait y avoir une suite.
L’affirmation à l’effet que les hiérarchies sont immorales et doivent être éradiquées est une prémisse anarchiste fondamentale. On peut certainement affirmer qu’une personne ne peut pas être un anarchiste sans être d’accord d’une certaine façon avec cette prémisse. Les capitalistes et les autres étatistes (et même les anarchistes de gauche, les anarchistes de droite et les libertariens, indirectement) remettent souvent en cause cette prémisse, alors ça vaut la peine d’en débattre ne serait-ce que pour cette raison.
Par conséquent, j’aimerais vous présenter une définition d’une hiérarchie, que j’endosse entièrement. Une hiérarchie est tout système social où le contrôle est utilisé d’une façon qui est à la fois 1. systémique et 2. dirigée.
1. L’usage du contrôle doit être systémique, i.e. partie intégrante du système, et non pas circonstancielle. Par exemple, un homme qui maltraite sa conjointe dans un parc d’amusement parce qu’il a été éduqué à croire que les femmes sont inférieures. Dans ce cas de figure, la hiérarchie n’est pas le parc d’amusement, mais le machisme: le contrôle étant circonstanciel au parc d’amusement en tant que système.
2. L’utilisation du contrôle doit être dirigée, i.e. d’une personne spécifique ou groupe d’individus- les supérieurs- à une autre personne spécifique ou groupe d’individus- les inférieurs. Dans le cas du machisme, les supérieurs sont les hommes et les inférieures sont les femmes, les transgenres et les intersexuels. Dans le cas du fémi-favoritisme, les supérieures sont les femmes et les inférieurs sont les hommes (au moins, elles n’ont pas tendance à vouloir contrôler les transgenres et les intersexuels).
Comme les anarchistes l’ont constaté vigoureusement, les hiérarchies existent partout en société. Voici les principales:
1) Le gouvernemaman est la hiérarchie la plus reconnue et la plus démonstrative. Avec faste et avec tout le charme bourgeois inhérent à la médiocrassie pseudo-représentative, on y élit des Présidents, des Premiers Sinistres, ou on y couronne des pantins relationnistes Rois-nègres mais on sait que la majeure partie du pouvoir est dans les mains des bourreaucrassies et des agences étatiques gigantesques qui combattent entre eux et de manière acharnée (ou achalante, comme le dirait si bien Sheila Copps! 😉 ) pour les ressources et les lois, sans compter les lobbyistes privés ou para-gouvernementaux, les think tanks comme l’Institut Économerdique de Montreal, les groupes de pression et les élites syndicaleuses, inhérents aussi au système capitaliste, qui orientent les lois par la persuasion socio-médiatique ou par la corruption. Le citoyen-esclave ordinaire, qui est soumis aux maîtres « gagnants », peu importe qui sont-ils, est l’inférieur. Le but des gouvernemamans est la monopolisation d’un pouvoir politique de plus en plus omniprésent.
2) Le capitalisme est la hiérarchie la moins reconnue. Il y a là une distinction claire entre la classe exploitante des dirigeants corporateux et des investisseurs (dans une moindre mesure, car ils sont souvent victimes eux-mêmes des dirigeants corporateux) d’un côté, et leurs employés-esclaves de l’autre, sans oublier le groupe des CONsommateurs (dans une moindre mesure, mais qui sont victimes des conséquences des activités de production). Le but des hiérarchies capitalistes, généralement par l’intermédiaire des grandes corporations, est le profit le plus shylockien possible. François prétend que le capitalisme est une hiérarchie aussi importante, voire plus importante, que l’État et les anarchistes de gauche prétendent que le capitalisme est une forme de hiérarchie encore plus importante que l’État. Je ne suis pas d’accord avec eux sur ce point. Les mécanismes de marché seraient déjà beaucoup moins hiérarchiques sans État, quoique les hiérarchies ne seraient pas totalement éradiquées dans un contexte de libre-marché propriétarien. Bien sûr, les anarchistes de droite et les libertariens banalisent généralement, voire réfutent, le fait que le capitalisme est une hiérarchie, ce qui est encore plus farfelu.
3) Les religions et les sectes sont une autre catégorie majeure de hiérarchies. Même si elles sont évidemment différentes, je les classifie dans le même groupe à cause de leurs buts (principalement, le contrôle de la pensée) et de leurs structures (autorités qui sont prétendus « plus proches de Dieu » ou autrement plus « sacrés »). Ceci dit, contrairement à la croyance populaire, j’ai beaucoup plus peur des religions, qui collaborent souvent avec l’État et les capitalistes, que des sectes, qui sont souvent réprimées criminellement par l’État dans l’intérêt des religions dites « officielles ». Sauf peut-être quand les enfants sont victimes des sectes (par le biais du parentage, une autre hiérarchie!) et encore là, les religions ne sont pas vraiment mieux!
4) Le parentage et les écoles, qui ont tous les deux pour but de contrôler les enfants sous prétexte de l’endoctrination et (dans le cas du parentage surtout) du statut social.
5) Racisme, sexisme (incluant le maqueuelinisme et le fémi-favoritisme), âgisme et tout autre forme de discrimination.
6) Les pénitenciers et les autres prisons, incluant les prisons virtuelles, si bien décrites par Anne Archet.
Si vous jetez un coup d’oeil à cette liste, il est clair que les hiérarchies sont très envahissantes dans les sociétés modernes. Comment sommes-nous rendus à une telle situation? Est-ce que l’État est la racine du problème? Pas vraiment! Même si l’État a créé ou aggravé la grande majorité de ces problèmes, il est sans conteste que l’élimination seule de l’État n’éliminerait pas toutes les hiérarchies: par exemple, la discrimination existait bien avant la création des États, quoique les discriminations ont été aggravées par l’État. Une hypothèse intéressante est que certaines de ces hiérarchies aient été causées par les nécessités de la vie tribale pré-technologique (et non pas Montrealaise, malgré les supplications de Sarko Labeaume! 😉 ) et ont survécu parce qu’elles donnaient du pouvoir à quelques groupes favorisés, qui sont devenus intéressés à maintenir ce pouvoir, ce qui a par conséquent engendré l’État. Qu’en pensez-vous?
Les corporations sont extrêmement hiérarchisées parfois plus que les états ce qui les rend parfois (et peut-être malheureusement) très efficace. Rien de plus pénible et time consuming que d’avoir à négocier d’égal à égal avec tout le monde. D’ailleurs dès qu’on parle de patron-employé, on parle de hiérarchie (de sa forme la plus primaire d’ailleurs car gare à l’employé qui veut « discuter » avec son boss). D’ailleurs, j’ai appris que l’origine étymologique du mot boss comprend une connotation très péjorative frolant l’esclavagisme.
Au Québec en particulier où l’entrepreneurship est carrément déficient, il y a malheureusement une quantité inépuisable de bénis-oui-oui facilement dociles et bon pour le brainwashing total et l’esclavagisme dans les plus abominables corporations qui soit. Et tout cela pour le prétexte d’avoir le « luxe » de s’appeler « employé ». À commencer par votre humble serviteur dans une autre vie ;).
Intéressant!
Un autre endroit où les relations sont très hiérarchisées, c’est dans la cellule la plus fondamentale de la société dans sa connotation anti-anarchie et pro-hiérarchie (et la prison la plus souvent oubliée des anarchos « en amourrrrr »): le couple.
En effet, dur, dur d’avoir des relations égalitaires ici. C’est en effet toujours plus facile d’avoir un boss et un employé.
Certains couples se disent égalitaires parce que 50% du temps l’un des 2 est le boss et on s’échange cela pour rester « égal ». Or, c’est le même genre d’équilibre qu’avoir un pied dans l’eau glacée et l’autre dans l’eau bouillante.
J’aurais dû l’ajouter comme 7e hiérarchie!
Hors-sujet!
Radio-Poubelle-Cadenas est corrompu jusqu’à la moelle de l’os: http://lequebecdedemain.blogspot.com/2009/08/le-gouvernement-desmardais-1er-partie.html
Faites passer le mot!
Quelle surprise! 😉
Vous n’êtes pas assez incisif très cher.
Pour ma part j’aimerais ajouter quelques parties de mon anatomie qui sont assez fascisantes, hiérarcisantes et qui m’empêchent d’être anarchiquement libre et me complaire dans ma dignité humaine.
En effet, outre l’État, la parenté, le couple, la procréation, la charogne-libérale, le magazine la Semaine et son sbire Nathalie Simard, les idéologies -sauf l’idéologie anarchiste, bien sûr qui est la bonne, faut pas déconner- Jésus, les licornes roses invisibles, le capitalisme, le socialisme, le souverainisme, le fédéralisme, il y a peur dictateur sanguinaire: notre lobe frontale.
Oui, frères anarchistes, quand pourrons-nous nous libérer de notre infâme lobe frontal qui hiérarchise notre nous profond? En effet, pensez à nos jambes, nos bras, notre pancréas, sous la botte -c’est une image- du lobe frontal? Monsieur pense, donc monsieur décide! J’en ai assez d’être contrôlé par cet ignoble tas de cellules -grises, qui pis est-.
Sus à notre intellect, voilà le vrai ennemi.
Je propose la trépanation extrême comme moyen de libérer l’Homme de toutes les hiérarchies. Pensez-y, si on élimine cette hiérarchie-là, toutes les autres tombent.
Une génération de sinistrés du lobe frontal et adieu l’humanité.
Oubliez votre combat contre la parenté cher frère anarchiste, attaquons-nous au vrai problème!
Un ‘pata-anarcho-gaudriolesque tendance Guitry.
(J’ai vu que vous aimez inventer des idéologies, c’est vrai que c’est amusant)
🙂
Cher pata-anarchiste, je vous trouve sincèrement d’une perspicacité défiant toute logique et je ne fais pas d’ironie bon marché ici.
Car oui, vous avez raison, le problème des hiérarchies commence par nous-même et par le self-control que nous avons de nous même (au delà des fonctions régulatives dont on peut accepter en pliant l’échine leur hiérarchie involontaire, on pourrait aussi inclure les fonctions régulatives de la nature qui suivent un ordre établi ainsi que les lois physiques, chimiques et biologiques si immuables).
Alors si on veut savoir où commence cette manie de tout, tout, tout hiérarchiser sous prétexte que les fonctions régulatives de la nature le font dans un ordre strict et établi comme les lois inviolables de la physique tel la gravité et la loi de la relativité, il faut peut-être commencer par regarder dans le miroir où est la source no 1 de ce problème de société afin de mieux apprendre…à se protéger de soi-même et de sa dictatrice de conscience hiérarchique.
En fait, la nature humaine nous donne déjà trop d’occasions pour exercer un contrôle répressif pour qu’on appuie n’importe quelle structure de contrôle hiérarchique.
Doit-on en conclure qu’un cancéreux cardiaque et sidatique en phase terminale est l’archétype de l’anarchisme corporel?
Peut=être plus du nihilisme corporel! 😉
😉 Au moins, c’est drôle!
Je n’ai inventé aucune véritable idéologie (sauf peut-être l’anarcho-pragmatisme 😉 et encore là, on ne devrait pas le considérer comme tel). J’ai seulement exposé le fait que les anars ne devraient pas procréer ni appuyer le parentage.
J’ai lu quelque part qu’Anne Archet avait un enfant…
damn it!
Je m’en fous! De toute façon, je n’ai aucun problème avec l’adoption.