Ce billet est la suite du billet précédent concernant ma réponse à ce billet de Chantal Beaupré au sujet du mérite.
Dans ce billet, je vais définir plus clairement ce qu’est la liberté, d’un point de vue anarchiste.
Extrait #11:
Méritons-nous quelque chose? NON!David Gendron:
Pas nécessairement en effet, mais tous ceux qui n’empiètent pas sur la liberté des autres méritent à tout le moins le droit de vivre sans être agressés! Voilà ce que l’État ne vous accordera jamais comme liberté!Questionnement socratique:
De quelle mérite parlons-nous? En quoi consiste le mérite? Le mérite existe-t-il dans les faits, dans la réalité… ou ne subsiste-t-il que dans notre opinion subjective?De quelle liberté parlons-nous? En quoi consiste la liberté? En supposant que la liberté dont nous parlons puisse nous être accordée par l’État, y a-t-il dans la réalité quelque chose qui interdise à l’État d’agir comme elle le fait actuellement, ou qui l’oblige à agir d’une autre manière? Si tel est le cas, comment expliquer qu’il ait été possible à l’État d’agir comme elle l’a fait?
J’ai déjà répondu concernant le mérite ici. Afin de répondre aux deux premières questions, je vais donner une définition de la liberté. Voici ce qu’en dit Wikipédia:
La liberté est la faculté d’agir selon sa volonté sans être entravé par le pouvoir d’autrui. D’un point de vue philosophique, elle peut être définie comme la capacité de se déterminer soi-même à des choix contingents. Elle est définie:
* négativement : absence de soumission, de servitude, de contrainte. L’être humain est indépendant. (note de David: on peut aussi parler de liberté négative)
* positivement : autonomie et spontanéité du sujet rationnel ; les comportements humains volontaires se fondent sur la liberté et sont qualifiés de libres. (note de David: on peut aussi parler de liberté positive)
Généralement, les anarchistes définissent la liberté comme étant l’union de la liberté négative (souvent, on le définit comme la liberté de ne pas être agressé) et de la liberté positive. Les anarcho-capitalistes (pourquoi pas « anarcho-propriétarien »?), les libertariens et les minarchistes ne reconnaissent que la liberté négative.
De plus, afin de présenter plus exhaustivement le concept de « liberté » d’un point de vue anarchiste, je cite intégralement la cinquième et la sixième attitude essentielle anarcho-pragmatiste:
5- Être tolérant et accepter la diversité
Pour tout anarcho-pragmatiste, tout est acceptable en autant que cela ne porte pas préjudice à autrui ou à sa possession (pas dans le sens de « propriété ») sans son consentement. Les gens peuvent disposer de leur corps à leur manière et se comporter entre eux comme ils le veulent dans la mesure où tout cela est volontaire. Dans de telles conditions, personne n’a le droit d’empêcher quiconque de vivre à sa façon s’il ne nuit à personne d’autre, même si la presque totalité de la population désapprouve son comportement particulier. Dans ces mêmes conditions, les gens peuvent donc se droguer, se prostituer, se branler, aimer les fantasmes sado-masochistes, participer à des partouzes, être homosexuel, être bisexuel, fumer dans un bar, ne pas attacher sa ceinture d’insécurité, ne pas porter de casque d’insécurité à moto ou à vélo, verser 60% de son salaire à son Église, manger de la malbouffe riche en gras trans et vénérer Maurice G. Dantec sans aucune intervention policière violente.
De plus, il faut essayer de s’informer sur les autres idéologies. L’ignorance de certains concepts peut créer une fausse interprétation de ces idéologies, ce qui peut nous priver d’un argumentaire solide et cohérent, ainsi que d’alliances stratégiques temporaires avec des groupes épousant des idéologies très similaires à la nôtre, qui nous permettraient de faire progresser la majeure partie de nos idées.
6- Je ne suis vraiment libre que si tous les hommes sont libres
La fameuse phrase de Bakounine qui consititue la plus importante des attitudes anarcho-pragmatistes essentielles. La liberté individuelle n’est qu’une mince consolation en l’absence de la liberté pour tous. Si seulement les gens vivants dans le territoire québécois étaient tous libres, ce serait déjà un accomplissement extraordinaire et nous pourrions être fiers de faire partie d’un véritable modèle québécois même si, bien sûr, le but ultime est que cette liberté s’étende à l’ensemble de l’humanité.
Maintenant, je vais répondre aux deux autres questions. À la question « En supposant que la liberté dont nous parlons puisse nous être accordée par l’État, y a-t-il dans la réalité quelque chose qui interdise à l’État d’agir comme elle le fait actuellement, ou qui l’oblige à agir d’une autre manière? », je répond NON! Cependant, supposer que l’État puisse nous accorder la liberté est une prémisse farfelue. Aucune intervention de l’État n’engendre la liberté pour qui que ce soit, du moins pas sans compromettre la liberté des autres. La seule chose que l’État peut faire pour engendrer la liberté dans un domaine donné, c’est de se désengager complètement de ce même domaine!
À la question « Si tel est le cas, comment expliquer qu’il ait été possible à l’État d’agir comme elle l’a fait? », je répond à nouveau que l’État agit dans ses intérêts de classe et que l’État n’a pas intérêt à accorder trop de libertés aux gens.
La suite dans la prochaine partie…
Cumulé à mon commentaire sur le billet précédent, voilà donc deux erreurs majeures.
Je crois que c’est la pire.
Je viens de consulter rapidement ces commentaires sur la liberté et le mérite. C’est la première fois que je viens sur ce blogue…
J’aimerais seulement clarifier un point, en tant qu’anarchiste libertaire.
Lorsque nous parlons de liberté, nous devons aussi parler de responsabilité et d’autorité, nous devons donc prendre en considération tel que mentionné, la liberté d’autrui et inévitablement une certaine autorité étatique ou autre.
Je crois que nous pouvons résumer le tout de la façon suivante; par un extrait tiré de Noam Chomsky, qui décrit l’anarchisme libertaire ainsi:
Toute autorité doit être justifiée, si elle ne l’est pas, elle doit être démantelée.
Par exemple, sur nos routes, la signalisation est nécessaire, nous ne pouvons pas, collectivement, nous permettre de passer sur une lumière rouge. Cette entrave à la liberté individuelle est donc justifiée.
Pour faire suitre à la célèbre phrase citée de Bakounine; j’ajouterais ceci concernant la responsabilité, de Sartre:
« Et quand nous disons que l’homme est responsable de lui-même, nous ne voulons pas dire que l’homme est responsable de sa stricte individualité, mais qu’il est responsable de tous les hommes (…). Quand nous disons que l’homme se choisit, nous entendons que chacun d’entre nous se choisit, mais par là nous voulons dire aussi qu’en se choisissant, il choisit tous les hommes. En effet, il n’est pas un de nos actes qui, en créant l’homme que nous voulons être, ne crée en même temps une image de l’homme tel que nous estimons qu’il doit être. (…) Ainsi, notre responsabilité est beaucoup plus grande que nous ne pourrions le supposer, car elle engage l’humanité toute entière. (…) Ainsi je suis responsable pour moi-même et pour tous, et je crée une certaine image de l’homme que je choisis; en me choisissant, je choisis l’homme. »
L’éducation, le sens des valeurs: responsabilité, liberté, respect de l’autorité, doit être au premier plan. Cette éducation, doit être une éducation collective dans un but de bien commun et non effectivement une éducation étatique voire capitaliste, où l’école forme d’abord des « citoyens » soumis, des consommateurs et des travailleurs…
Bienvenue ici! 🙂
« Toute autorité doit être justifiée, si elle ne l’est pas, elle doit être démantelée. »
Ça dépend de la définition utilisée du terme « autorité ». Aucune hiérarchie n’est légitime!
« Par exemple, sur nos routes, la signalisation est nécessaire, nous ne pouvons pas, collectivement, nous permettre de passer sur une lumière rouge. Cette entrave à la liberté individuelle est donc justifiée. »
Aucun feu de circulation ni panneau d’arrêt n’est nécessaire. Suffit de s’entendre sur une convention de priorité sur la cession de passage dans les intersections. Il n’y a aucun problème à brûler un feu rouge s’il n’y a aucune circulation et l’absence de signalisation, (sauf peut-être pour avertir les conducteurs sur les courbes et obstacles) ne justifie aucune imprudence de la part des conducteurs. Exemple confus et non pertinent.
« L’éducation, le sens des valeurs: responsabilité, liberté, respect de l’autorité, doit être au premier plan. Cette éducation, doit être une éducation collective dans un but de bien commun et non effectivement une éducation étatique voire capitaliste, où l’école forme d’abord des “citoyens” soumis, des consommateurs et des travailleurs… »
Prémisse étatiste! Que fait le respect de l’autorité là-dedans? En quoi les hiérarchies de pouvoir sont légitimes dans une anarchie?
« Cette éducation, doit être une éducation collective dans un but de bien commun »
Je ne veux pas d’école obligatoire ni d’éducation au bien commun de ce type! Encore moins en faisant la promotion du respect de l’autorité! Je n’en ai rien à foutre!
Très confus comme propos de la part d’un anarchiste…
« Aucun feu de circulation ni panneau d’arrêt n’est nécessaire. Suffit de s’entendre sur une convention de priorité sur la cession de passage dans les intersections. »
En fait il y a eu des expériences menées sur ce principe. Elles ont été appelées « l’anarchie routière » par les médias étatiques. Mais ces expériences ont été un succès.
« Je ne veux pas d’école obligatoire ni d’éducation au bien commun de ce type! Encore moins en faisant la promotion du respect de l’autorité! Je n’en ai rien à foutre! »
Tout à fait d’accord.
Merci! 🙂
Hahaha: « anarchie routière » ???… j’aime bien.
Voir ceci (qui n’est pas une expérience scientifique, mais bel et bien LA « vraie vie ») :
Tout aussi concluant, à mon humble avis…
🙂
Les gens respectent LES GENS… au lieu des lois et de la signalisation (souvent stupides et/ou des « trappe$ à taxe$ », comme le sont les nouveaux photo-radars, gracieuseté du nos politiciens vendus aux « vendeux » de quincailleries « sécuritaires »)
Mon exemple est mauvais: je viens de voir et d’entendre un agent de la circu dans l’extrait Youtube.
Voici un meilleur exemple:
🙂
Merci et bienvenue ici!
Je ne prétends pas que ça serait toujours comme ça dans une anarchie, mais c’est une belle illustration des possibilités!
J’ai peu de temps mais je reviendrai répondre plus longuement…
Je me défini comme un anarchiste libertaire mais pas comme un utopiste.
Rien ne sert de viser l’idéal seulement et tout de suite. Il faut des marches, des étapes si l’on veut quelque chose de réalisable. Discourir est bien beau, intellectualiser aussi, mais ça n’apporte rien de concret.
Sans éducation, comment espérez vous faire fonctionner une société ? Je vois que semblez avoir une confiance aveugle à la bonne volonté de l’être humain, de croire que s’il est « totalement » libre, alors il respectera nécessairement le droit de l’autre à franchir le chemin…
En quoi une convention de droit ou cession de passage est différente d’une autorité ou d’une entrave à la liberté nécessaire ? Une convention comme tu l’appelles est une forme d’autorité à respecter par tous et toutes pour le bien commun et elle est justifiée comme je le mentionnais.
Si nous voulons changer les choses, les résultats, il doit y avoir un changement progressif de la façon de penser de l’être humain. Et la mentalité, elle se change comment selon vous ?
Je ne vous connais pas, ni votre baguage, mais pour affirmer que toute hiérarchie est illégitime; je suis bien d’accord mais encore une fois il est utopiste de penser éliminer toute hiérarchie comme toute autorité.
J’oserais à penser que vous prônez un certain radicalisme qui, s’il n’est pas nécessairement mauvais, conduit inexorablement à remplacer un système hiérarchique autoritaire par un autre, qu’on l’appelle anarchiste ou autre, puisqu’il n’est pas possible pratiquement parlant, d’éliminer toute autorité et toute hiérarchie de la société, seulement la réduire au minimum nécessaire…
« Rien ne sert de viser l’idéal seulement et tout de suite. Il faut des marches, des étapes si l’on veut quelque chose de réalisable. »
Voir ma 4e attitude essentielle anarcho-pragmatiste: « Viser une amélioration constante à long terme plutôt qu’une perfection statique à court terme »
https://anarchopragmatisme.wordpress.com/six-attitudes-essentielles/
« Discourir est bien beau, intellectualiser aussi, mais ça n’apporte rien de concret. »
Ce blogue est une démarche d’éducation à l’anarchisme.
« Sans éducation, comment espérez vous faire fonctionner une société ? »
Je n’ai jamais dit ça. J’ai dit « sans école OBLIGATOIRE ».
« Je vois que semblez avoir une confiance aveugle à la bonne volonté de l’être humain, de croire que s’il est “totalement” libre, alors il respectera nécessairement le droit de l’autre à franchir le chemin… »
J’aime mieux ça que d’obéir aveuglément aux diktats de l’État. De plus, voir ma 6e attitude anarcho-pragmatiste essentielle: « Je ne suis vraiment libre que si tous les hommes sont libres »
« En quoi une convention de droit ou cession de passage est différente d’une autorité ou d’une entrave à la liberté nécessaire ? Une convention comme tu l’appelles est une forme d’autorité à respecter par tous et toutes pour le bien commun et elle est justifiée comme je le mentionnais. »
Ok, si vous considérez ça comme une « autorité », ça me va. Sauf que cette autorité n’est pas imposée, donc non hiérarchique.
« Si nous voulons changer les choses, les résultats, il doit y avoir un changement progressif de la façon de penser de l’être humain. Et la mentalité, elle se change comment selon vous ? »
Par une éducation à l’anarchisme, pour commencer. Par la réussite de projet séparatiste (mais pas à la manière du PCul), aussi.
« Je ne vous connais pas, ni votre baguage, mais pour affirmer que toute hiérarchie est illégitime; je suis bien d’accord mais encore une fois il est utopiste de penser éliminer toute hiérarchie comme toute autorité. »
En effet, tant que les gens vont continuer de croire aux hiérarchies…
« J’oserais à penser que vous prônez un certain radicalisme qui, s’il n’est pas nécessairement mauvais, conduit inexorablement à remplacer un système hiérarchique autoritaire par un autre, qu’on l’appelle anarchiste ou autre, puisqu’il n’est pas possible pratiquement parlant, d’éliminer toute autorité et toute hiérarchie de la société, seulement la réduire au minimum nécessaire… »
Il n’y a pas de minimum nécessaire. Il y a l’absence. Mais voir encore une fois ma 4e attitude anarcho-pragmatiste essentielle.
Souhaitons nous bonne chance hein…
Dans quel sens?
Dans le sens qu’on est bien loin d’un idéal de société sans autorité et sans hiérarchie…et que vu le peu d’individus qui se questionnent et sont capables de réflexion et d’action, on est pas parti pour observer un changement majeur dans les prochaines années, voire décennies…
Ceci dit, J’aimerais bien vous lire moi sur vos actions mesurables, sur ce que vous mettez de l’avant pour amener une prise de conscience et des changements. Et comment vous pensez que pratiquement, il est possible de mettre de l’avant une société sans éducation, sans autorité et sans hiérarchie aucune ?
Ça ressemble à l’anarchie free for all, sans organisation et non pas à l’anarchisme libertaire qui lui définit un mode de société viable et valable…
« Dans le sens qu’on est bien loin d’un idéal de société sans autorité et sans hiérarchie…et que vu le peu d’individus qui se questionnent et sont capables de réflexion et d’action, on est pas parti pour observer un changement majeur dans les prochaines années, voire décennies… »
Ça va, j’ai compris. Vous avez raison sur ce point.
« J’aimerais bien vous lire moi sur vos actions mesurables, sur ce que vous mettez de l’avant pour amener une prise de conscience et des changements. »
Je parlerai un jour de la simplicité volontaire. Pour le reste, ce blogue est une démarche d’éducation à l’anarchisme.
« Et comment vous pensez que pratiquement, il est possible de mettre de l’avant une société sans éducation, sans autorité et sans hiérarchie aucune ? »
Je n’ai jamais dit « sans éducation », j’ai dit « sans école OBLIGATOIRE ». Ça dépend comment on définit « autorité ».
Du côté des hiérarchies, il faut commencer par expliquer au gens pourquoi les hiérarchies sont contre les intérêts de la plupart des gens.
« Ça ressemble à l’anarchie free for all, sans organisation et non pas à l’anarchisme libertaire qui lui définit un mode de société viable et valable… »
Je m’intéresse à toutes les formes d’anarchie, organisées ou pas (la pensée stirnérienne est fort intéressante, voir Anne Archet), dont l’anarchisme libertaire, l’anarcho-capitalisme (même si je suis contre la propriété) et surtout le mutuellisme, qui est très (ou trop?) organisé lui aussi.