À propos de la monnaie étatisée

Je vous recommande de lire ce billet fort intéressant de Jérémie T. A. Rostan dans Le Blogue du QL. Bien que l’emploi des termes « capitalisme » et « capitaliste » me semble maladroit et que je suis en désaccord avec sa défense absolutiste du droit de propriété, ce texte est fort intéressant, particulièrement la finale au sujet de la monnaie étatisée, point de vue que je partage entièrement:

Une monnaie est n’importe quelle marchandise (Note de David: « marchandise » devrait sous-entendre aussi les services) généralement acceptée en échange. Son unique fonction est d’être un moyen d’échange. Son pouvoir d’achat est le système des prix (de toutes les marchandises), et dépend de façon critique du montant qui en circule.

L’inflation d’une monnaie est une augmentation du montant qui en circule non justifiée par une augmentation de la demande d’encaisses. Elle implique la diminution de son pouvoir d’achat. L’inflation du crédit est une augmentation des fonds prêtables non justifiée par une augmentation de l’épargne. Elle a pour conséquence, du fait de la baisse artificielle du taux d’intérêt, le gonflement, puis l’éclatement, de  » bulles. « 

L’inflation de la monnaie et du crédit est nécessairement liée à l’étatisation de la monnaie. Une monnaie inflationniste est une monnaie de mauvaise qualité, qui ne pourrait soutenir la concurrence de monnaies stables. Inversement, un monopole est dans l’incapacité de connaître les demandes d’encaisses et de dettes qu’il prétend satisfaire, et donc de produire une bonne monnaie.

Toute intervention gouvernementale dans l’économie implique un transfert forcé de richesses et désorganise le système d’incitations qui coordonne la production à la satisfaction des consommateurs. Elle ne peut donc que privilégier des intérêts particuliers aux dépens de l’équité et de l’intérêt général.

Superbe! 🙂

97 Réponses

  1. Je ne suis pas d’accord du tout, pas du tout. Mais comme je suis un mutualiste, ça va de soi que je ne serais pas d’accord sur ce point. En ce qui a trait à l’économie, les crypto-fascistes du QL devront repasser… (leurs chemises)

    1. Que tu ne soies pas d’accord avec son billet en entier, je comprends très bien. Moi non plus, en fait.

      Mais sur le passage sur la monnaie, explique-moi en quoi tu es en désaccord.

      Pour une rare fois, nous sommes en désaccord, mais tu as peut-être de bons arguments qui m’aideraient à préciser encore plus ma position…ou me convaincre de changer en partie d’idée.

      1. « L’inflation … du crédit est nécessairement liée à l’étatisation de la monnaie. »

        Cette phrase est absolument, totalement fausse, et représente une erreur de pensée fondamentale. En fait, l’État et le monopole banquier imposent des restrictions considérables sur le crédit fondé sur la possession, quand en même temps ils se donnent le droit de distribuer (autant ou aussi peu qu’ils le veulent) un crédit fondé sur du vent (fractional reserve), à des taux d’intérêts incroyables.

        Le crédit libre est exactement ce à quoi la classe ouvrière n’a pas accès. En fait, « l’étatisation de la monnaie » est nécessairement liée à « l’inflation du crédit [basé sur la monnaie papier étatiste sans valeur et des promesses de vent] » mais est aussi liée à « la restriction du crédit [basé sur la possession]. »

        Et c’est bien ce qu’il faut pour maintenir le système capitaliste, puisque l’ouverture du crédit véritable, par tous (ceux qui veulent mettre leurs possessions au service des autres à l’aide du système de crédit, et faire un peu d’argent en passant) pour tous (ceux qui veulent du crédit, sans intérêt, sans arnaque, basé sur la réalité), serait le premier pas vers l’élimination du capitalisme. Ça, les politiciens ne le savent pas, mais ils savent qu’ils doivent garder la monnaie et le crédit entre les mains du monopole banquaire!

        « And right here is to be found the real reason why labor cannot get capital. It is because its wages are kept low and its credit rendered next to valueless by a financial system that makes the issue of currency a monopoly and a privilege, the result of which is the maintenance of interest, rent, and profits at rates ruinous to labor and destructive to business. And the only way that labor can ever get capital is by striking down this monopoly and making the issue of money as free as the manufacture of shoes. To demonetize silver or gold will not help labor; what labor needs is the monetization of all marketable wealth. Or, at least, the opportunity of such monetization. This can only be secured by absolutely free competition in banking. »

        Benjamin Tucker
        http://fair-use.org/benjamin-tucker/instead-of-a-book/will-professor-sumner-choose

        1. François, est-ce la seule phrase que j’ai citée avec laquelle tu n’es pas d’accord?

          Pour le reste, je vais relire avant de commenter.

          1. Mais non, je suis en désaccord avec tout ce qui est dit dans la citation. Mon désaccord avec cette phrase est fondamental pour la citation, non? Par exemple:

            « L’inflation du crédit est une augmentation des fonds prêtables non justifiée par une augmentation de l’épargne. Elle a pour conséquence, du fait de la baisse artificielle du taux d’intérêt, le gonflement, puis l’éclatement, de ” bulles.“ »

            Et je suis aussi donc en désaccord avec le dernier paragraphe de la citation, puisque c’est une conclusion, la conclusion que « l’inflation de la monnaie et du crédit, » qui est, pour le QL, le résultat de la politique étatiste, « implique un transfert forcé de richesses et désorganise le système d’incitations qui coordonne la production à la satisfaction des consommateurs. » Quand en fait la vérité est absolument le contraire, si on comprend bien ce qu’est le « crédit. »

            1. Ok, si je comprends bien, tu me dis que la phrase: « L’inflation de la monnaie et du crédit est nécessairement liée à l’étatisation de la monnaie. » est incomplète et devrait être remplacée par « L’inflation de la monnaie et du crédit est nécessairement liée à l’étatisation de la monnaie ET À LA RESTRICTION DU CRÉDIT. », ce qui rend caduc le reste selon toi?

              Est-ce que la restriction du crédit est liée au droit de propriété ou au droit de possession?

              1. Non, ma position est que « L’inflation de la monnaie et du crédit n’est pas nécessairement liée à l’étatisation de la monnaie, » dépendant de la sorte de crédit dont on parle.

                Le fait que l’expansion du crédit peut être lié à la libération du crédit, et donc à l’opposé de l’étatisation, est la preuve que la théorie économique présentée par le QL est, comme tu dit, caduc.

                1. Mais attention, « libération du crédit » veut dire une des deux choses suivantes:

                  1) Pour les mutuellistes, le libre-marché permet de rendre plus accessible le crédit. Et je suis d’accord avec l’idée.

                  2) Pour les libertariens, le crédit est rendu trop « libre » par l’État, i.e. on prête de l’argent créé artificiellement à des gens qui vivent au-dessus de leurs moyens financiers.

                  1. Oui, c’est ce dont j’ai voulu parler en parlant de « crédit basé sur la possession » et « crédit basé sur du vent. »

                2. Chose certaine, je vais y réfléchir et y revenir.

                  Tes arguments ont bien du sens.

            2. Et je suis d’accord avec toi sur le fait que cette phrase serait incomplète.

      2. En attendant ta réponse, j’ajouterai aussi ceci: que toute personne qui prétend se porter à la défense du libre marché, pas entre guillemets mais bien du réellement-libre-marché, et qui en même temps prône que les outils d’échange dans un tel système ne doivent pas être libres, est un hypocrite de la pire espèce…

        1. Euh, enfin je devrais ajouter que je ne parle pas de toi, mais bien de l’idéologie liberto-capitaliste du QL.

          1. Sur ce point, on s’entend!

            1. Qu’en est-il de l’autre point?

        2. Sur ce commentaire-là aussi!

    2. « ceux qui veulent mettre leurs possessions au service des autres »

      Sans défendre le système actuel, je ne vois pas exactement ce qui m’empêche de prêter mon auto ou mes autres outils en nature, à un ami « crédible » (digne de croire), à part peut-être quelques réglementations excessives qui n’ont rien à voir avec le monde bancaire. Le problème n’est-il pas plutôt un manque d’éducation à l’épargne (épargne en nature, puisque la monnaie au cours forcé détruit l’épargne)?

      Vos arguments ressemblent un peu à ceux des créditistes qui confondent le papier et la réalité. J’espère qu’on s’entend sur les points suivants: 1) aucune « libération » de crédit ne fera apparaître des « possessions » qui n’existent pas déjà. 2) permettre à une personne sans crédit (réputée dilapider ce qu’on lui prête et ne jamais rembourser) d’en obtenir artificiellement n’aide pas la société en général. Vous semblez avoir une haine viscérale pour la théorie de von Mises sur la monnaie et le crédit, mais en quoi au juste êtes vous en désaccord sur les faits?

      Finalement, je n’ai jamais rien vu au QL qui soit contre le free banking. Remisez donc vos épouvantails.

      1. « Sans défendre le système actuel, je ne vois pas exactement ce qui m’empêche de prêter mon auto ou mes autres outils en nature, à un ami “crédible” (digne de croire), à part peut-être quelques réglementations excessives qui n’ont rien à voir avec le monde bancaire. »

        Oui, mais le rapport avec le sujet dont on parle…?

        « Le problème n’est-il pas plutôt un manque d’éducation à l’épargne (épargne en nature, puisque la monnaie au cours forcé détruit l’épargne)? »

        Qu’est-ce que l’épargne a à voir avec le monopole sur le crédit?

        « Vos arguments ressemblent un peu à ceux des créditistes qui confondent le papier et la réalité. »

        Vraiment…?

        « J’espère qu’on s’entend sur les points suivants: 1) aucune “libération” de crédit ne fera apparaître des “possessions” qui n’existent pas déjà. »

        … D’accord…

        « 2) permettre à une personne sans crédit (réputée dilapider ce qu’on lui prête et ne jamais rembourser) d’en obtenir artificiellement n’aide pas la société en général. »

        C’est un jugement de valeur assez épais, mais si on accepte vos prémisses, d’accord…

        « Vous semblez avoir une haine viscérale pour la théorie de von Mises sur la monnaie et le crédit, mais en quoi au juste êtes vous en désaccord sur les faits? »

        Je l’ai déjà expliqué, lisez mes messages à David plus haut…

        1. « Qu’est-ce que l’épargne a à voir avec le monopole sur le crédit? »

          Il me semble assez évident que la somme des emprunts réels doit être égale à la somme des prêts réels. Alors à correspond donc votre « crédit libéré » sinon qu’à l’épargne inexistante des classes laborieuses?

          1. Je ne vois pas le rapport entre votre premier point et votre deuxième point.

            1. Si crédit = emprunt = prêt = épargne, alors pas d’épargne, pas de crédit à « libérer ».

              1. Alors là, vous devez parler Autrichien parce que je ne vous suit pas du tout. Si le crédit est équivalent, en bout de compte, à l’épargne, alors il n’y a pas d’épargne? Vous avez manqué une étape, je crois.

  2. Perso, J’aime particulièrement le dernier paragraphe.

  3. Tout pays devrait avoir sa monnaie propre.

    La monaie devrait être basé sur l’étalon or.

    Le crédit devrait être donné selon les capacités des demandeurs.

    1. Dans un contexte étatiste, je ne suis pas aussi catégorique.

      Dans le contexte anarchiste, je serais d’accord.

  4. Très intéressante discussion, François et Bastiat79. Ça me fait réfléchir!

    « Finalement, je n’ai jamais rien vu au QL qui soit contre le free banking. »

    J’aurais tendance à être d’accord avec Bastiat79 ici. Par contre, est-ce que le droit de propriété illimité dans le temps est une entrave au free banking?

    1. Est-ce que tu comprends ce que dit Bastiat79? Pas moi…

      « Par contre, est-ce que le droit de propriété illimité dans le temps est une entrave au free banking? »

      Bien, le droit de propriété illimité est une grande entrave à tout commerce, parce qu’il limite la disponibilité des terres disponibles au commerce.

      À part de ça, je ne pense pas que ce soit une entrave ou une aide.

  5. « Est-ce que tu comprends ce que dit Bastiat79? Pas moi… »

    Pas tout mais j’y réfléchis présentement. Vous êtes plus d’accord que vous ne le croyez, à mon avis.

    De plus, il est vrai qu’une éducation à l’épargne est nécessaire. La folie surconsommatrice désirée par les États est responsable en partie de cette crise.

    D’accord avec le reste de ton dernier commentaire.

    1. Une entreprise désire un nouvel équipement. Que peut-elle faire:
      – acheter et payer cash
      – louer
      – offrir au propriétaire (pardon, possesseur) de l’équipement une part des revenus de l’entreprise (attendons quelques années et tous les anars crieront à l’exploitation)
      – acheter avec emprunt de monnaie

      Maintenant, supposons qu’on abolisse le crédit. Qu’est-ce que ça change? Ça oblige les entreprises à se rabattre sur les trois autres options. Ça enlève un peu de fluidité, mais ça n’empêche en rien à chaque équipement de trouver l’usage qui est le plus utile. Je ne vois pas quel avantage il y a vraiment à « libérer » le crédit. Le crédit sert fondamentalement à spéculer sur la valeur des monnaies, même dans une société mutualiste. Moins il y en a, mieux c’est.

      Ce avec quoi je suis d’accord, c’est qu’avec le free banking, l’écart entre les taux d’emprunt et les taux de dépôts à terme serait diminué. Toutefois, cela serait principalement à l’avantage des épargnants car il est bien connu que l’intervention étatique pousse les taux vers le bas vu que c’est politiquement rentable. Ce que François ne semble pas comprendre, c’est qu’un prêt risqué mènera toujours à un taux d’intérêt élevé, même dans une société mutualiste. S’il n’aime pas payer 19% sur sa carte de crédit, alors qu’il essaie d’emprunter à 10% à ses amis à la place, sur parole. Il pourra ainsi juger son véritable « crédit » (qui vient du verbe croire) dans un libre marché.

      1. Encore une fois, je ne vois pas le rapport. Le but du libre crédit est de donner les outils nécessaires au travail pour qu’il puisse se libérer lui-même de l’emprise du capital. De plus, les mutualismes sont contre la rente.

        « Ce que François ne semble pas comprendre, c’est qu’un prêt risqué mènera toujours à un taux d’intérêt élevé, même dans une société mutualiste. »

        Non, je ne vois pas comment le risque mènera TOUJOURS à l’existence de l’intérêt. Il n’y a pas de corrélation directe entre le risque et l’intérêt. L’intérêt, c’est-à-dire la rente sur l’argent, existe parce que nous avons une croyance (comme nous vivons dans un cadre capitaliste, où le capital est au pouvoir) que le capital en lui-même est un agent productif qui « mérite » une part des profits. Sans cette croyance, le travail du banquier devient un travail comme tout autre travail, pour être rénuméré au coût, et non à la demande (une demande captive, notez-le bien).

        Il faut bien vous éloigner de ce dogme Autrichien, qui pollue votre raisonnement, et regarder la réalité en face…

        « S’il n’aime pas payer 19% sur sa carte de crédit, alors qu’il essaie d’emprunter à 10% à ses amis à la place, sur parole. »

        Tout « ami » qui me demanderait un taux d’intérêt, je ne considèrerais pas comme un ami, et donc il peut bien se faire foutre…

        Si je demande un prêt à un ami, et qu’il accepte, alors qu’il me demande un petit pécune pour sa peine (le fait qu’il n’avait pas accès à son argent pour quelque temps), ou qu’il refuse, tout simplement. Et la même chose pour moi.

        1. Euh… c’est qu’il n’y a pas de différence entre « capital » et « les outils nécessaires au travail » qui en sont la définition. Ni entre « intérêt » et « un petit pécune pour sa peine » qui en est la définition.

          De mon point de vue c’est plutôt votre raisonnement qui est pollué par les dogmes marxistes et ces forces abstraites « Travail » « Rente » « Capital » tout à fait imaginaires car elles ne correspondent à rien du point de vue de l’action individuelle.

          1. « Euh… c’est qu’il n’y a pas de différence entre “capital” et “les outils nécessaires au travail” qui en sont la définition. »

            Tout à fait exact…

            « Ni entre “intérêt” et “un petit pécune pour sa peine” qui en est la définition. »

            Tout à fait incorrect…

            « ces forces abstraites “Travail” “Rente” “Capital” tout à fait imaginaires »

            Et maintenant vous êtes un malade mental… le capital, force motrice du CAPITALisme, est imaginaire?? La rente est imaginaire?? Alors qu’est-ce que je paie à chaque mois pour le PRIVILÈGE d’avoir un logis?

            1. « qu’est-ce que je paie à chaque mois pour le PRIVILÈGE d’avoir un logis? »

              Vous payez au proprio « un petit pécune pour sa peine », dans ce cas-ci sa peine de ne plus avoir autant d’espace de rangement.

              Il n’y a pas d’autre force motrice que l’action individuelle. Votre mythologie ne m’intéresse pas.

              1. Votre dogme économique déconnecté de la réalité ne m’intéresse pas.

                1. Eh merde, je n’aime pas la fin de cette discussion! 😦

                  1. Moi non plus, mais quoi dire de plus?

              2. « Vous payez au proprio “un petit pécune pour sa peine”, dans ce cas-ci sa peine de ne plus avoir autant d’espace de rangement. »

                Mais plus important encore, ce pécune rentabilise ses opérations.

                1. Pas si c’est un pécune qui paie pour les coûts de l’opération, et pas plus.

        2. « Moi non plus, mais quoi dire de plus? »

          Je sais bien, mais c’est dommage! 😦

          1. Différences d’opinion irréconciliables.

            1. ça me semble pourtant si peu…

              1. IRRÉCONCILIABLES! UN GOUFFRE IDÉOLOGIQUE INFRANCHISSABLE À DOS DE TOUT ANIMAL OU PAR TOUT MOYEN DE TRANSPORT CONVENTIONNEL!
                (tout moyen de transport non-conventionnel, comme l’unicycle, peut franchir ce gouffre, mais qui risquerait d’avoir l’air si gai?)

          2. « tout moyen de transport non-conventionnel, comme l’unicycle, peut franchir ce gouffre, mais qui risquerait d’avoir l’air si gai?) »

            pffffffff! 😉

            Là, tu amplifies le gouffre!

      2. @Bastiat79

        J’ai mieux compris ce que vous vouliez dire!

      3. @Bastiat79

        Il me semble que le free banking est nettement différent d’un système étatiste de création de fausse monnaie ou d’emprunts au dessus des moyens des emprunteurs, non?

        J’ai l’impression que votre critique est plus pertinente face au système étatiste de crédit, plutôt qu’au free banking.

      4. « Ce avec quoi je suis d’accord, c’est qu’avec le free banking, l’écart entre les taux d’emprunt et les taux de dépôts à terme serait diminué. »

        N’est-ce pas justement une nette amélioration par rapport au système actuel?

        1. Gouffre idéologique ou gouffre méthodologique?

          Notre désaccord n’est pas sur ce que devraient être les règles (ou presque). Il porte sur comment se nomment les choses, qui profite du système actuel, et à quoi peut ressembler l’ordre spontané tel qu’il pourrait exister dans un véritable libre marché.

          Pour moi c’est un fait démontrable que le taux d’intérêt (ou de pécune) dans un libre-marché dépend de l’offre et la demande de crédit, et que ce taux est d’autant plus élevé que les gens en général ont une vision à court terme (beaucoup de demande et peu d’offre). L’offre réelle de crédit ne peut jamais excéder ce que les gens ont produit mais renoncé à consommer. Avec une population infantilisée et surendettée comme la nôtre, il n’y a AUCUN crédit à « libérer ». Je ne vois pas d’où arrive François avec son opposition à des choses qui existent nécessairement.

          Bien sûr que le free banking est une amélioration. Mon objection est que même dans un contexte de free banking, une expansion de crédit n’apporte aucune richesse à personne. Ça ne fait qu’exposer les gens aux fluctuations de la valeur de la monnaie. Aussi bien gager sur une course de chevaux.

          1. « Notre désaccord n’est pas sur ce que devraient être les règles (ou presque). »

            Là, vous en mettez pas mal… il y a beaucoup de différences entre l’éthique sociale des néo-caps (comme le QL et les autrichiens) et l’éthique sociale du mutualisme.

            Quant à l’anarcho-pragmatisme, je ne saurais dire.

            1. Les règles dont je parle concernent l’usage légitime de la violence physique. Les gens auront bien l’éthique qu’ils voudront. Ce n’est pas vous qui allez décider.

              1. « Les règles dont je parle concernent l’usage légitime de la violence physique. »

                Qui parle d’usage légitime de la violence physique, parle donc de système de justice. Qui parle de système de justice, parle des normes qui sont imposées par ce système. Et les normes économiques des néo-caps et des mutualistes, elles ne sont pas du tout les mêmes!

                1. Si les mutualistes veulent imposer leurs « normes » par la violence physique, alors ce ne sont pas des anarchistes. Au moins, ceux que vous nommez « néo-caps » sont prêts à laisser les mutualistes tranquilles.

                  1. Non, mais contrairement aux néo-caps, les mutualistes veulent éliminer toute exploitation… une vraie justice.

          2. « Avec une population infantilisée et surendettée comme la nôtre, il n’y a AUCUN crédit à “libérer”. Je ne vois pas d’où arrive François avec son opposition à des choses qui existent nécessairement. »

            Oui, mais il me semble que le free banking est foutrement différent d’un système étatisé de crédit basé sur du vent. C’est le système étatisé qu’il faut combattre, d’abord et avant tout.

            « Mon objection est que même dans un contexte de free banking, une expansion de crédit n’apporte aucune richesse à personne. »

            Le but du free banking n’est justement pas la création de richesse. On s’entend là-dessus.

            « Quant à l’anarcho-pragmatisme, je ne saurais dire. »

            En ce qui concerne l’éthique sociale, je suis plus près des mutuellistes.

            « Les règles dont je parle concernent l’usage légitime de la violence physique. »

            Je vais laisser la chance à Bastiat79 de préciser son point. Je crois qu’il parle de « légitime défense contre une agression » et non pas de légitimer la violence physique par des privilèges comme c’est le cas dans la police, par exemple.

            Pour le reste, ça ne vaut pas la peine de commenter avant de lire la précision de Bastiat79. Personne ici (parmi nous trois en tout cas!) ne souhaite l’utilisation de la violence pour en arriver à nos fins!

        2. « Non, mais contrairement aux néo-caps, les mutualistes veulent éliminer toute exploitation… une vraie justice. »

          Est-ce que tu ne ferais pas plutôt allusion au libertarianisme vulgaire?

          Faut dire que la défense absolue du droit de propriété des libertariens (même chez les non vulgaires) fait partie de ton point.

          1. La question ici est que François veut utiliser la violence physique pour arrêter des adultes consentants qui s’engagent dans des relations que LUI juge exploitatives. Cet arbitraire dictatorial n’a rien d’anarchiste.

            Pour le reste, je peux vivre avec un système de « use-right ». Je ne vois juste pas pourquoi c’est correct que l’employé de l’usine A possède une partie de l’usine A et que l’employé de l’usine B possède une partie de l’usine B, mais que ça serait incorrect que l’employé de l’usine A possède une partie de l’usine B et que l’employé de l’usine B possède une partie de l’usine A. Et c’est à peu près à quoi se résume la prétendue différence mutualiste.

            1. « La question ici est que François veut utiliser la violence physique pour arrêter des adultes consentants qui s’engagent dans des relations que LUI juge exploitatives. Cet arbitraire dictatorial n’a rien d’anarchiste. »

              Bon, l’argument du consentement est un peu périmé, non? Allez-vous sérieusement essayez d’argumenter que le fait qu’un contrat de travail est volontaire rend le système capitaliste moralement juste? Je ne considère pas le consentement comme condition suffisante pour dire qu’une action n’est pas un crime.

              1. Dans la mesure où c’est le travailleur qui demande à travailler à salaire, parce qu’il préfère un revenu moindre mais stable, et non parce que l’état lui bloque ses autres options, alors oui c’est moralement juste. Je ne trouverais pas cela moral de le « forcer » à prendre des risques, par exemple risquer des pertes suite à l’achat d’un nouvel équipement avec lequel il n’est pas d’accord.

                1. Le
                  travailleur demande à travailler dans la mesure où il doit survivre et non pas de gaité de coeur. Votre notion de liberté est à revoir.

                2. Alors votre conclusion est que l’exploitation est moralement justifiable, en autant qu’un choix existe. Mais l’acte d’exploitation lui-même est un acte d’élimination de choix: l’existence du capitalisme est incompatible avec la survie de la liberté à long terme.

                3. C’est la réalité qui demande de travailler. Ramasser les vidanges et traire les vaches ne sera jamais le premier choix de personne.

                  Ce que le travailleur demande, c’est un salaire stable plutôt qu’une réelle participation dans l’entreprise. Je suis d’accord que ce n’est pas une bonne idée à long terme. Cependant, vous n’avez rien d’autre à offrir que restreindre ses choix, et vous appelez cela de la liberté. J’appelle ça de la dictature.

                  1. Personne ne vous a demandé de faire une faveur aux travailleurs et leur donner une « participation » dans quoi que ce soit. Le but est bien de vous éliminer.

            2. @Bastiat79

              « La question ici est que François veut utiliser la violence physique pour arrêter des adultes consentants qui s’engagent dans des relations que LUI juge exploitatives. Cet arbitraire dictatorial n’a rien d’anarchiste. »

              Je ne vois pas le fondement derrière cette affirmation. À expliquer!

              « Pour le reste, je peux vivre avec un système de “use-right”. »

              J’aime bien cette idée moi aussi! 🙂

      5. Et si le plus pertinent se trouvait à quelque part entre le point de vue autrichien et celui des mutuellistes?

        1. Peut-être… ça reste à voir. Je ne pense pas que Bastiat79 soit la personne pour le découvrir. Frédéric Bastiat lui-même était en faveur de la rente, alors…

          1. ouais, c’est vrai!

            1. Je viens d’un background similaire à Bastiat79, mais maintenant que j’ai du recul sur les théories économiques autrichiennes, certaines d’entre elles me semblent simplement bizarres, comme la théorie de l’intérêt dépendant des préférences temporelles.

              1. Je ne suis pas aussi dubitatif que toi à ce sujet. Je crois tout de même qu’il y a des trucs fort intéressants dans la théorie autrichienne, mais il faut être prudent dans l’interprétation et décoder leurs prémisses.

    2. « Pas si c’est un pécune qui paie pour les coûts de l’opération, et pas plus. »

      En fait, je décrivais ce qui se produit présentement mais je comprends ton point. Bien sûr, les coûts de l’opération comprennent une certaine compensation permettant à l’opérateur de vivre correctement et d’entretenir l’immeuble.

    3. Je vais effectivement m’auto-« éliminer » de ces enfantillages en vous laissant sur une réplique de Carson à Murphy (http://www.mises.org/journals/jls/20_1/20_1_7.pdf):

      Finally, Murphy quotes my statement that “[i]t is only in a capitalist
      (i.e., statist) economy that a propertied class . . . can keep itself
      in idleness by lending the means of subsistence to producers in
      return for a claim on future output.” He raises the question of what
      happens in a mutualist society
      if an industrious worker accumulates a large stockpile of consumer
      goods, and sells them in exchange for future goods? Could he not
      live indefinitely off the interest? Would this be forbidden, or does
      Carson just deny that it would ever happen in the absence of state
      intervention?
      The answer, of course, is the latter. With Benjamin Tucker, I say
      that, if the worker can manage to accumulate such a stockpile of
      goods through his own efforts, unaided by state-enforced monopolies;
      and if he can find a borrower willing to deal with him on such
      terms—in that case, more power to him! But in the absence of a usurious
      monopoly premium on credit brought about by the state’s market
      entry barriers in banking, with the availability of cheaper credit
      alternatives through mutual banks, and with far less steep time preferences
      in a society with wider distribution of property ownership, I
      think he’ll have a much harder time finding a taker for such a deal
      than do present-day lenders.

      Ainsi, le débat se résume au point suivant: est-ce que la richesse est inégale parce que les préférences temorelles sont inégales, ou est-ce que les préférences temporelles sont inégales parce que la richesse est inégale? Je pense que Carson conclut trop vite sur ce point.

      1. Le seul enfantillage sur ce fil, c’est votre dévotion enfantine à des dogmes économiques sans fondement. Bon débarras, lèche-bottes.

        1. François, tu exagères ici!

          Par contre, Bastiat79 n’a pas aidé avec ça:

          « La question ici est que François veut utiliser la violence physique pour arrêter des adultes consentants qui s’engagent dans des relations que LUI juge exploitatives. Cet arbitraire dictatorial n’a rien d’anarchiste. »

          Je ne vois pas en quoi ce propos peut avoir du sens!

      2. @Bastiat79

        « Ainsi, le débat se résume au point suivant: est-ce que la richesse est inégale parce que les préférences temporelles sont inégales, ou est-ce que les préférences temporelles sont inégales parce que la richesse est inégale? »

        Possible qu’il conclut un peu vite mais dans les faits, ce qu’il dit surtout, c’est que la richesse est trop inégale (attention, je ne prône pas l’égalité absolue de la richesse), parce que le contexte étatiste favorise les grandes corporations. J’espère qu’on s’entend tous là-dessus!

        Je recite Carson dans votre propre commentaire:

        « the absence of a usurious monopoly premium on credit brought about by the state’s market entry barriers in banking, with the availability of cheaper credit alternatives through mutual banks, and with far less steep time preferences in a society with wider distribution of property ownership, I think he’ll have a much harder time finding a taker for such a deal than do present-day lenders. »

    1. HAHAHAHA WHUT

      « Quand la propriété est mutuelliste, tout le monde cherche à profiter de la propriété des autres sans jamais produire de richesse lui-même. Il n’y a aucun incitatif à produire de la richesse si on sait que tout le monde va nous la prendre. »

      OH NON LE PAUVRE CAPITALISTE N’A AUCUN INCITATIF À VOLER LE PRODUIT DE « SES » TRAVAILLEURS! MAIS QU’EST-CE QUI VA NOUS ARRIVER? LE MONDE VA S’ÉCROULER, QUOI!

      1. Bien dit! 🙂

        Comme si les mutuellistes étaient des étatistes communistes (au sens étatiste)! Misère…

        1. Oui, en fait c’est un peu compliqué, mais si tu te rappelles bien que le QL est capitaliste et donc considère les moyens de production comme étant la propriété d’un seul individu, on peut comprendre ce qu’ils disent comme ceci:

          “Quand la propriété [des moyens de production] est mutuelliste, tout le monde [les travailleurs] cherche à profiter de la propriété [des moyens de production]des autres [les pauvres capitalistes] sans jamais produire de richesse lui-même [c’est-à-dire, être reconnu comme le responsable de la production de cette richesse, bien que cette responsabilité revient de droit aux travailleurs]. Il n’y a aucun incitatif à produire de la richesse si on sait que tout le monde va nous la prendre [si les travailleurs reprennent ce qui leur revient de droit- toute la responsibilité pour leur propre produit- alors le monde va s’écrouler].”

          1. Bien répondu, on s’entend là-dessus!

  6. @François et Bastiat79

    « Bon, l’argument du consentement est un peu périmé, non? Allez-vous sérieusement essayez d’argumenter que le fait qu’un contrat de travail est volontaire rend le système capitaliste moralement juste? Je ne considère pas le consentement comme condition suffisante pour dire qu’une action n’est pas un crime. »

    Je suis d’accord avec François sur ce point. Par contre, il émet un jugement moral, pas une invitation à la violence étatique pour le combattre!

  7. @Bakouchaïev

    « Le travailleur demande à travailler dans la mesure où il doit survivre et non pas de gaieté de coeur. Votre notion de liberté est à revoir. »

    On s’entend sur ce point!

  8. @Bsatiat79

    « Je ne trouverais pas cela moral de le “forcer” à prendre des risques, par exemple risquer des pertes suite à l’achat d’un nouvel équipement avec lequel il n’est pas d’accord. »

    Mais en quoi s’agit-il de « forcer » ici?

  9. « Mais l’acte d’exploitation lui-même est un acte d’élimination de choix: l’existence du capitalisme est incompatible avec la survie de la liberté à long terme. »

    Bien dit François!

  10. @Bastiat79

    « C’est la réalité qui demande de travailler. »

    Pas pour tout le monde!

    « Ramasser les vidanges et traire les vaches ne sera jamais le premier choix de personne. »

    C’est encore drôle, de nombreux agriculteurs et décrocheurs non-intellectuels ne seront pas d’accord avec vous! Ce sont des emplois alléchants et fort payants avec très peu d’instruction.

    Le problème, c’est quand l’État, les syndicaleux et les patroneux corpo-fascistes vous empêchent de faire des choses auxquelles vous êtes compétents (vous savez fort bien que la compétence et l’intelligence ne sont pas importantes pour l’État et les syndicaleux…et pas tellement plus important (mais un peu plus important pour les rarissimes véritables entrepreneurs dans le système capitaliste) pour les patroneux) et vous exploitent dans des emplois sous-payés et sous-qualifiés.

    « Ce que le travailleur demande, c’est un salaire stable plutôt qu’une réelle participation dans l’entreprise. »

    Mais à ce que je sache, vous n’êtes pas en faveur du salariat pour tous, non?

    « Cependant, vous n’avez rien d’autre à offrir que restreindre ses choix, et vous appelez cela de la liberté. J’appelle ça de la dictature. »

    Je ne vois pas le fondement derrière ce propos. À expliquer!

    Ne blâmez pas trop François d’avoir laissé tomber cette discussion, je peux le comprendre, même si je ne suis pas d’accord qu’il fasse ça, en raison de plusieurs propos sans fondement de votre part!

    1. Non, je n’ai pas laissé tomber cette discussion, je continue à la suivre. Je suis en accord avec tous tes propos jusqu’à maintenant. J’ajouterais tout simplement que d’attribuer tous les maux économiques aux préférences temporelles me semble n’être qu’un autre acte de propagande du type « les pauvres sont pauvres parce qu’ils sont des connards ».

      1. Tant mieux si tu continues à la suivre, alors!

        « d’attribuer tous les maux économiques aux préférences temporelles me semble n’être qu’un autre acte de propagande du type “les pauvres sont pauvres parce qu’ils sont des connards”. »

        Ceci dit, je crois que les préférences temporelles jouent un certain rôle, mais ça ne me semble pas le principal dans les propos de Carson.

  11. “La question ici est que François veut utiliser la violence physique pour arrêter des adultes consentants qui s’engagent dans des relations que LUI juge exploitatives. Cet arbitraire dictatorial n’a rien d’anarchiste.”

    Pierre a une machine mais n’a pas le temps de l’utiliser parce qu’il a un autre travail. Jean a le temps et le talent qu’il faut. Aussi, l’utilisation de la machine comporte un risque (risque de bris, risque que le produit ne se vende pas, whatever)

    Je vois deux arrangements possibles: a) Jean emprunte la machine et prend tous les risques. b) Pierre embauche Jean à salaire et prend tous les risques.

    Maintenant si Pierre et Jean préfèrent tous deux la situation b) mais que François veut les empêcher parce qu’il veut interdire « l’exploitation », il devra utiliser la violence physique pour les forcer à se rabattre sur l’option a).

    “Je ne trouverais pas cela moral de le “forcer” à prendre des risques, par exemple risquer des pertes suite à l’achat d’un nouvel équipement avec lequel il n’est pas d’accord.”

    Même réponse, en supposant ici que Jean fasse partie d’une entreprise mutuelle qui veut acheter la machine de Pierre. Si Jean veut se dissocier de cette prise de risque, ce qui implique pour lui de retourner au salariat (en ce qui concerne cette machine), et que François veut l’en empêcher, alors il devra utiliser la force physique.

    La réalité est que ça ferait l’affaire de bien des entreprises actuelles de payer les travailleurs avec des dividendes instables plutôt qu’avec des salaires stables. Mais ce n’est pas ce que la majorité des travailleurs demandent. Ils ne veulent pas prendre de risque. S’ils veulent en prendre, ils n’ont qu’à acheter (sur marge) des actions de leur propre employeur à la bourse. Il y a pleins de spéciaux à $7.99 la transaction sur Internet, ne me dites pas que c’est inaccessible.

    “Mais l’acte d’exploitation lui-même est un acte d’élimination de choix: l’existence du capitalisme est incompatible avec la survie de la liberté à long terme.”

    Non c’est François qui veut éliminer le choix b). Moi je veux laisser les choix a) et b).

    « C’est encore drôle, de nombreux agriculteurs et décrocheurs non-intellectuels ne seront pas d’accord avec vous! Ce sont des emplois alléchants et fort payants avec très peu d’instruction. »

    Non, même si j’ai des vaches, mon premier choix serait de faire la grâce matinée. Se lever à 5h45 pour les traire ne peut pas être le premier choix de personne. Il y a toujours une dé-utilité à travailler. Sinon ça s’appelle un loisir.

    « Le problème, c’est quand l’État, les syndicaleux et les patroneux corpo-fascistes vous empêchent de faire des choses auxquelles vous êtes compétents (vous savez fort bien que la compétence et l’intelligence ne sont pas importantes pour l’État et les syndicaleux…et pas tellement plus important (mais un peu plus important pour les rarissimes véritables entrepreneurs dans le système capitaliste) pour les patroneux) et vous exploitent dans des emplois sous-payés et sous-qualifiés. »

    On s’endend là-dessus. Mais c’est pas nécessairement votre employeur actuel qui vous exploite. C’est l’état qui vous bloque un meilleur emploi qui vous exploite.

    « J’ajouterais tout simplement que d’attribuer tous les maux économiques aux préférences temporelles me semble n’être qu’un autre acte de propagande du type “les pauvres sont pauvres parce qu’ils sont des connards”. »

    Non, les maux économiques sont attribuables à l’état. C’est votre égalitarisme agressif qui est incompatible avec le libre-marché. Même avec le Free Banking il y aura toujours autant de prêteurs nets que d’empreunteurs nets. Et les emprunteurs nets auront nécessairement la corde autour du cou. C’est ça l’endettement. Moi je suis entouré de gens relativement aisés qui ne peuvent pas se promener avec $200 dans leur poches parce qu’ils « ne pourront pas s’empêcher de le dépenser ». Vous croyez sincèrement que juste avec le Free Banking ces gens deviendront magiquement des accumulateurs d’épargne à 1%?

    “the absence of a usurious monopoly premium on credit brought about by the state’s market entry barriers in banking, with the availability of cheaper credit alternatives through mutual banks, and with far less steep time preferences in a society with wider distribution of property ownership, I think he’ll have a much harder time finding a taker for such a deal than do present-day lenders.”

    Désolé mais s’il y avait AUSSI des barrières à la location d’équipement (dans le système étatiste actuel) je pourrais croire Carson. Mais ici j’ai l’impression que Carson croit que le Free Banking permettrait d’acheter à crédit une machine pour moins cher que ça coûte de la louer dans le système actuel. Je ne vois pas comment, à part la magie fallacieuse des créditistes.

  12. @Bastiat79

    « mais que François veut les empêcher parce qu’il veut interdire “l’exploitation”, il devra utiliser la violence physique pour les forcer à se rabattre sur l’option a). »

    Ça n’a rien à voir avec le débat ici. François ne fait qu’exprimer sa préférence mutuelliste ici! Aucun anarchiste ne veut imposer un mode d’organisation (ou de non-organisation) à qui que ce soit!

    « Si Jean veut se dissocier de cette prise de risque, ce qui implique pour lui de retourner au salariat (en ce qui concerne cette machine), et que François veut l’en empêcher, alors il devra utiliser la force physique. »

    Idem que précédemment!

    « La réalité est que ça ferait l’affaire de bien des entreprises actuelles de payer les travailleurs avec des dividendes instables plutôt qu’avec des salaires stables. Mais ce n’est pas ce que la majorité des travailleurs demandent. Ils ne veulent pas prendre de risque. S’ils veulent en prendre, ils n’ont qu’à acheter (sur marge) des actions de leur propre employeur à la bourse. Il y a pleins de spéciaux à $7.99 la transaction sur Internet, ne me dites pas que c’est inaccessible. »

    Attention, vous décrivez la situation actuelle ici. Il ne peut pas y avoir de corporations ni de bourses publiques de ce type dans une anarchie, même dans l’anarchie la plus « propriétarienne » possible.

    « Non c’est François qui veut éliminer le choix b). Moi je veux laisser les choix a) et b). »

    François préfère le choix b). On verra si le choix a) a du sens, mais François croit que non (et moi non plus).

    « Non, même si j’ai des vaches, mon premier choix serait de faire la grâce matinée. Se lever à 5h45 pour les traire ne peut pas être le premier choix de personne. Il y a toujours une dé-utilité à travailler. Sinon ça s’appelle un loisir. »

    D’accord, on s’entend là-dessus. Je n’ai pas pris en compte les loisirs dans cette discussion.

    « On s’entend là-dessus. Mais c’est pas nécessairement votre employeur actuel qui vous exploite. C’est l’état qui vous bloque un meilleur emploi qui vous exploite. »

    Oui, mais les employeurs profitent de l’État pour exploiter les travailleurs.

    « Non, les maux économiques sont attribuables à l’état. »

    On s’entend tous là-dessus!

    « C’est votre égalitarisme agressif qui est incompatible avec le libre-marché. »

    Il ne faut pas exagérer, laissons l’égalitarisme agressif aux gau-gauchistes étatistes!

    « Moi je suis entouré de gens relativement aisés qui ne peuvent pas se promener avec $200 dans leur poches parce qu’ils “ne pourront pas s’empêcher de le dépenser”. Vous croyez sincèrement que juste avec le Free Banking ces gens deviendront magiquement des accumulateurs d’épargne à 1%? »

    Vous semblez oublier le discours pro-surconsommation très en vogue dans le système capitaliste actuel.

    « Mais ici j’ai l’impression que Carson croit que le Free Banking permettrait d’acheter à crédit une machine pour moins cher que ça coûte de la louer dans le système actuel. »

    Point intéressant, mais j’ai l’impression que ce ne serait pas les mêmes qu’actuellement qui auraient la chance d’utiliser ces machines. Par contre, il est vrai que le « moins cher » prétendu ici est loin d’être évident.

    1. « François préfère le choix b). On verra si le choix a) a du sens, mais François croit que non (et moi non plus). »

      Mais ce n’est pas à François ou à toi de préférer. C’est aux parties prenantes! La situation de Pierre et Jean est symmétrique, la seule question est de savoir qui préfère prendre le risque. Et une fois que le risque est pris, arrêtez de crier à l’exploitation.

      « Oui, mais les employeurs profitent de l’État pour exploiter les travailleurs. »

      Je crois plus juste de dire que l’état exploite les consommateurs. Dans les secteurs d’emploi qui sont compétitifs, les employeurs et les employés sont à égalité. L’employeur n’a aucune marge de maneuvre puisqu’il fait aussi face à une compétition. Autrement dit, le problème n’est pas que 9$ de l’heure n’est pas assez comme salaire. Le problème, par exemple, c’est qu’une paire de lunettes coûte $300 au lieu de $30 à cause d’un racket de protection de l’état, celui des optométristes. L’employeur moyen (PME) est nettement perdant au jeu de l’étatisme. J’aimerais voir des données si vous pensez pouvoir démontrer le contraire. D’ailleurs, employeur/employé est une fausse dichotomie, nous sommes tous employeurs la moitié du temps, par exemple lorsqu’on fait ses courses.

      « Attention, vous décrivez la situation actuelle ici. Il ne peut pas y avoir de corporations ni de bourses publiques de ce type dans une anarchie, même dans l’anarchie la plus “propriétarienne” possible. »

      Je ne fais que souligner que l’aversion au risque de la majorité fait partie de la nature humaine. Tout comme la propension de certains à se mettre la corde autour du cou si on leur offre. L’anarchie ne peut pas éliminer ces phénomènes.

      Je ne vois pas pourquoi une bourse privée ne permettrait pas aux petits épargnants d’investir dans de larges compagnies sur Internet. Le tout peut être basé sur l’honneur.

      « Point intéressant, mais j’ai l’impression que ce ne serait pas les mêmes qu’actuellement qui auraient la chance d’utiliser ces machines »

      Alors, à vous de trouver quelle barrière étatique crée une rareté artificielle, un cartel, etc pour les machines. Moi je pense que le prix de la plupart des machines reflète le travail qui a été nécessaire à construire la machine (et la machine qui a construit la machine, et la machine qui a construit la machine qui a construit la machine… ça s’accumule).

      1. «nous sommes tous employeurs la moitié du temps, par exemple lorsqu’on fait ses courses.» Je ne partage pas du tout votre vision du patronat. Il ne faut pas mélanger deux notions différentes, soit celle de consommateurs et de patrons/propriétaires. Vous ne possédez pas une entreprise en tant que consommateur et vous n’avez pas l’emprise qu’à le patron sur ses employés. Ce n’est pas du tout la même relation.

        1. @Bakouchaïev

          Dans la situation actuelle, vous avez en majeure partie raison, mais attention, dans certains cas, on peut utiliser son pouvoir de client pour jouer le rôle d’un employeur. Il ne faut pas l’oublier!

          Mais dans une anarchie, le client sera le roi, ce sera lui l’ « employeur », sans aucune menace ni utilisation de la violence, dans le respect des droits des travailleurs.

      2. @Bastiat79

        « Mais ce n’est pas à François ou à toi de préférer. C’est aux parties prenantes! »

        Je n’ai jamais dit le contraire!

        « La situation de Pierre et Jean est symétrique, la seule question est de savoir qui préfère prendre le risque. Et une fois que le risque est pris, arrêtez de crier à l’exploitation. »

        Oui, sauf si la vie d’un des deux protagonistes est menacée.

        « Je crois plus juste de dire que l’état exploite les consommateurs. »

        D’accord!

        « Dans les secteurs d’emploi qui sont compétitifs, les employeurs et les employés sont à égalité. L’employeur n’a aucune marge de manoeuvre puisqu’il fait aussi face à une compétition. »

        Sauf qu’il y aura beaucoup plus de secteurs réellement compétitifs dans une anarchie.

        « Autrement dit, le problème n’est pas que 9$ de l’heure n’est pas assez comme salaire. Le problème, par exemple, c’est qu’une paire de lunettes coûte $300 au lieu de $30 à cause d’un racket de protection de l’état, celui des optométristes. »

        En effet!

        « L’employeur moyen (PME) est nettement perdant au jeu de l’étatisme. J’aimerais voir des données si vous pensez pouvoir démontrer le contraire. »

        Je suis d’accord avec vous, je parlais des autres entreprises et des compagnies.

        « Je ne fais que souligner que l’aversion au risque de la majorité fait partie de la nature humaine. Tout comme la propension de certains à se mettre la corde autour du cou si on leur offre. L’anarchie ne peut pas éliminer ces phénomènes. »

        Je ne dis pas le contraire sauf que dans une anarchie, les entrepreneurs ne pourront pas voler les créanciers en invoquant la faillite corporative.

        « Je ne vois pas pourquoi une bourse privée ne permettrait pas aux petits épargnants d’investir dans de larges compagnies sur Internet. Le tout peut être basé sur l’honneur. »

        En effet! Pourquoi pas? Certainement meilleur que le système actuel! De plus, il serait difficile d’avoir d’aussi grosses compagnies que présentement.

        « Alors, à vous de trouver quelle barrière étatique crée une rareté artificielle, un cartel, etc pour les machines. »

        Je me demande si certains brevets ne sont pas problématiques dans ce secteur, mais bon, c’est un détail! Mais le plus important, ce ne sont pas les barrières étatiques (en effet, il ne faut pas exagérer ce point, j’en conviens avec vous) pour les machines mais la rente politique qui modifie la donne pour déterminer ceux qui peuvent se les payer.

      3. « Autrement dit, le problème n’est pas que 9$ de l’heure n’est pas assez comme salaire. »

        Faux. le problème est précisément que 9$ de l’heure n’est pas assez comme salaire, non pas basé sur un standard arbitraire de « niveau de vie, » mais bien basé sur le fait que le travailleur se fait voler son plein produit.

        « Le problème, par exemple, c’est qu’une paire de lunettes coûte $300 au lieu de $30 à cause d’un racket de protection de l’état, celui des optométristes. »

        Non. Le problème, c’est que de ce 30$, le travailleur ne verra qu’un tiers, un quart ou un cinquième du revenu qui lui revient.

        « L’employeur moyen (PME) est nettement perdant au jeu de l’étatisme. »

        Et qu’ils perdent!

        1. @François

          « le problème est précisément que 9$ de l’heure n’est pas assez comme salaire »

          Je crois que Bastiat79 faisait allusion au point suivant: les cartels et les rackets (les lunettes, par exemple) de protection font en sorte que le 9$ de l’heure est insuffisant pour se payer des produits trop chers.

          « non pas basé sur un standard arbitraire de “niveau de vie,” mais bien basé sur le fait que le travailleur se fait voler son plein produit. »

          Ceci dit, dans le contexte actuel, je suis d’accord avec toi pour dire que 9$ de l’heure est insuffisant, pour la même raison que toi. Sauf que le salaire minimum étatique est une mesure idiote, à mon avis!

          « Non. Le problème, c’est que de ce 30$, le travailleur ne verra qu’un tiers, un quart ou un cinquième du revenu qui lui revient. »

          Oui, mais le racket de protection est un problème encore plus important, car il fait en sorte que les CONsommateurs se font avoir et que les travailleurs reçoivent encore moins que le cinquième du revenu qui lui reviennent!

          « Et qu’ils perdent! »

          Pas d’accord cette fois-ci! Je préférerais que les grandes corporations soient les perdantes d’un véritable libre-marché et que les PME soient moins perdantes qu’actuellement.

          Où vont les pertes subies par les PME? Vers l’État et les grandes corporations, certainement pas vers les travailleurs!

          1. Oui, c’est vrai: mais les profits démesurés ont aussi une grande part de blâme. La dotrine capitaliste du pouvoir absolu de l’offre et de la demande, pas quand tous sont libres de produire, de recevoir leur plein produit, et de faire des choix sans intimidation étatique ou tactiques publicitaires, mais dans notre société actuelle, est absolument déraisonnée. Mais c’est cette doctrine sur laquelle est basée la doctrine de notre ami Bastiat79. La doctrine Autrichienne n’est nulle autre que l’offre et la demande déconnectée de toute réalité morale.

          2. @François

            « La doctrine capitaliste du pouvoir absolu de l’offre et de la demande, pas quand tous sont libres de produire, de recevoir leur plein produit, et de faire des choix sans intimidation étatique ou tactiques publicitaires, mais dans notre société actuelle, est absolument déraisonnable. »

            Dans le contexte actuel, tu as raison. Mais, même si ce n’est pas tasse de thé favorite, cette doctrine serait beaucoup moins dangereuse dans un véritable libre-marché que dans le contexte actuel!

      4. « Je me demande si certains brevets ne sont pas problématiques dans ce secteur »

        En effet, les brevets peuvent entrer dans la catégorie « rente politique ».

        “Et qu’ils perdent!”

        Voilà une belle preuve du caractère violent de votre doctrine.

        “La doctrine capitaliste du pouvoir absolu de l’offre et de la demande, pas quand tous sont libres de produire, de recevoir leur plein produit, et de faire des choix sans intimidation étatique ou tactiques publicitaires, mais dans notre société actuelle, est absolument déraisonnable.”

        Une doctrine qui nuit au consommateur pauvre, sous prétexte d’aider le travailleur pauvre, ne vaut guère mieux.

        1. « Une doctrine qui nuit au consommateur pauvre, sous prétexte d’aider le travailleur pauvre, ne vaut guère mieux. »

          Bien dit! Alors rejetons ce dogme Autrichien et rejoignons le socialisme libertaire!

        2. @Bastiat79

          « Une doctrine qui nuit au consommateur pauvre, sous prétexte d’aider le travailleur pauvre, ne vaut guère mieux. »

          « Bien dit! Alors rejetons ce dogme Autrichien et rejoignons le socialisme libertaire! »

          Je croyais que vous parliez de la social-médiocrassie…

          François, je ne crois pas que la philosophie autrichienne prend comme prétexte d’aider le travailleur pauvre.

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