Fausse alerte de ma part: Les cahiers d’Anne Archet sont de retour! 🙂 Voici la suite de mon billet précédent portant sur la loi sur les heures d’ouverture. Un certain B. Léger m’écrit ceci:
Rien ne force un commerce à ouvrir ses portes le dimanche, par exemple…
Mais l’État force certains magasins à fermer à des heures précises, ce qui est inacceptable pour un anarchiste.
La loi ne fait que donner des balises pour éviter l’exploitation des commis par les magasins où il y a des non-syndiqués.
Comme je disais dans mon billet précédent: « cette loi est strictement un accomodement catho-fasciste déraisonnable, arriéré, liberticide et inutile qui ne fait l’affaire que des petits dépanneurs (ou des grandes chaînes de dépanneurs comme Couche-Tard qui jouissent d’un traitement de faveur grâce à l’État), des pharmacies comme la grande corporation Jean Coûteux et des restos-malbouffe comme la corporation multinationale McDonald’s qui vendent trop cher leur camelote (encore pire chez les dépanneurs), des syndicaleux qui nuisent aux travaillleurs non-syndicaleux, jeunes et semi-retraités, ainsi qu’aux sans-emploi (i.e. ceux qui veulent travailler aux heures non-conventionnels ou aux heures interdites par l’État) pour protéger les intérêts des travailleurs syndicaleux ayant le plus d’ancienneté, et surtout de l’État qui exerce un plus grand contrôle sur les gens.«
Pourquoi ils ouvrent tous le dimanche? Parce que c’est bon pour le prochain bilan trimestriel!
Où est le problème? Si les clients veulent qu’un commerçant ouvre le dimanche, tant mieux pour eux si le commerçant accepte d’ouvrir le dimanche. Le client doit être le roi, pas l’État!
Un certain Cayot m’écrit ceci:
Dans la réalité, ton énoncé se résume à: “C’est aux commerçants de déterminer les heures… »
L’abolition de cette loi permettra aux clients de déterminer en priorité les heures d’ouverture, ce qui est un pas dans la bonne direction pour les anarchistes.
En ce sens, économiquement, pour éduquer et conscientiser, une présence accrue de l’état me semble souhaitable.
En effet, si vous désirez restreindre encore plus la liberté des gens et appauvrir encore plus le Québec, je comprends votre point de vue!
Une certaine Miss Potin m’écrit ce commentaire sarcastique suivant:
Wôw, ça c’est du chialage pour du chialage!
En tant que consommatrice fashionista/ shopaholic mon fantasme s’est enfin réalisé!
Des heures d’ouvertures prolongées pour le shopping, mais n’est-ce donc pas merveilleux!
En pleine récession, j’ai juste envie de dépenser encore plus pour mieux économiser!
Et l’été, ça sera merveilleux.. les longues promenades en soirée au centre-ville de mtl, sur ste- catherine, sur la Main, au vieux-port…
Bon shopping tout le monde, n’oubliez pas de profitez des soldes!!!
Pourquoi l’État empêcherait les gens responsables de magasiner quand ils le veulent seulement à cause d’une minorité d’irresponsables?
Un certain Fred m’écrit ceci:
C’est quoi votre problème contre les traditions d’heures d’ouverture?
Mon problème est que l’État décide les heures d’ouverture à la place des clients, ce qui est inacceptable pour un anarchiste.
Quelques petits congés qui existaient bien avant votre naissance et ça vous fait suer?
Ce ne sont pas ces congés qui me font chier, c’est plutôt le fait que l’État décide de mes congés à ma place!
Vous chialez pour rien, il n’y a pas suffisamment de congés pour nuire aux commercants, cela permet un certain repos à tout le monde.
Je suis d’accord mais ce n’est pas à l’État de décider ça à ma place!
C’est vraiment la pire idée de totalement déréglementer, par simple haine du règlement. Avant le stationnement était gratuit le dimanche à montreal. Comme la religion catholique ne vaut plus rien, le maire en a profité et là vous payez, bande de tartes.
Ben oui (pour paraphraser François Tremblay), c’est grâce à la chute de l’Église catho-fasciste si la Ville de Montreal vole encore plus ceux qui s’y stationnent, ce n’est certainement pas de la faute de la Ville, c’est certain!
Mais le meilleur commentaire que j’ai reçu (et je suis sérieux) est celui de Clusiau, qui m’écrit ceci en faisant référence aux commerçants (ici, le terme « communiste » est utilisé dans le sens étatiste) qui profitent de cette loi:
Et eux demandent plus cher pour le même produit, parce qu’ils vous l’offrent la nuit par exemple. Mais les communistes seraient-ils d’accord sur le fait que ces vendeurs fassent plus de profits avec le même produit et ainsi contribuent à l’exploitation et à grossir les rangs des riches inutiles qui sucent les autres?
Kin toé! Bravo Clusiau!
Je ne crois pas que l’État veut « empêcher les gens de consommer », loin de là. Cette règlementation ne vise qu’à assurer que le plus grand nombre peut prendre un break. Qu’y a-t-il de mal à prendre un break de toute cette « liberté » à pouvoir consommer en tout temps… C’est un peu tordu, non?
Je reconnais la vertu des libertés individuelles. Mais je reconnais également le droit de prendre un break. Je pense que la grande majorité des québécois n’ont aucun problème avec cette loi… C’est pas parce que les magasins sont ouverts plus souvent que nous dépenserons plus.
Je ne suis pas nécessairement un adepte de toutes les réglementations étatiques mais en même temps il y a des situation ou les patrons abusent de leurs employés en les obligeant à faire plus d’heures et les employés, surtout non-syndiqués, n’ont rien à dire s’ils veulent garder leur emploi.
De plus en plus les compagnies embauchent moins de personnel et obligent leurs employés à travailler plus quand il y a plus d’ouvrage. Il faut s’assurer que l’abolition de cette loi ne signifiera pas plus de pouvoir pour les patrons.
C’est drôle parce que cet extrait de Clusiau, je le pogne pas pantoute…
Plus jeune, étudiant, je travaillais dans des dépanneurs et des stations services de nuit. J’étais bien content d’avoir ces boulots parce que c’était mort. 2-3 clients à l’heure…
Je ne suis pas très doué pour le commerce mais je sais quand même un peu compter. Il y a des nuits(dimanche et lundi) où ce que je vendais ne suffisait même pas à couvrir mon déjà très maigre salaire. Mais le proprio avait ses raisons de tenir la place ouverte quand même. Rien à voir avec l’offre et la demande ou le gouvernement, au fait, en passant…
Son paquet de gomme, il le vendait peut-être 1.05$ plutôt que les .99$ du compétiteur ouvert de 7 à 22hres mais je crois que c’était avant tout pour absorber les frais encourus par ces heures d’ouvertures à pertes mais commodes pour quelques-uns, que pour s’enrichir indûment sur le compte des pauvres consommateurs de gomme…
C’est une pub qui ne coute pas plus cher que d’afficher dans le journal. Les gens savent que c’est toujours ouvert, alors ils aiment et ils viennent. Un peu comme certains qui vendent leur essence à perte. Donc le type ne se payait pas avec la vente des paquets de gomme et tu bossais dans la pub sans le savoir.
@Lutopium
« Je ne crois pas que l’État veut “empêcher les gens de consommer”, loin de là. »
En effet, l’État stimule déjà beaucoup trop la surconsommation comme ça.
« Cette règlementation ne vise qu’à assurer que le plus grand nombre peut prendre un break. »
Oui, mais aux conditions établies par l’État, pas à celles ni celles des clients, ni celles des travailleurs, ni celles des commerçants.
« Qu’y a-t-il de mal à prendre un break de toute cette “liberté” à pouvoir consommer en tout temps… C’est un peu tordu, non? »
Y a rien de mal là-dedans, sauf quand l’État décide à la place des gens.
« Mais je reconnais également le droit de prendre un break. »
Moi aussi, mais sans que l’État décide des congés à notre place.
« Je pense que la grande majorité des québécois n’ont aucun problème avec cette loi… »
L’argument médiocratique pseudo-représentatif est invalide pour un anarchiste. Ce n’est pas à la démocrassie de statuer sur cette problèmatique.
« C’est pas parce que les magasins sont ouverts plus souvent que nous dépenserons plus. »
Impact négligeable en effet.
@Internationaliste
Vous soulevez des bons points, sauf que ce n’est pas en accroissant la violence étatique qu’on va arriver à régler ces problèmes.
« Il faut s’assurer que l’abolition de cette loi ne signifiera pas plus de pouvoir pour les patrons. »
Deux choses à faire:
1) D’un point de vue étatiste, faire en sorte que l’État dépense en programmes sociaux plutôt qu’à des délires corporatistes et militaristes.
2) D’un point de vue anarchiste, abolir le système capitaliste.
@Cayot
« Plus jeune, étudiant, je travaillais dans des dépanneurs et des stations services de nuit. »
L’abolition de cette loi permettrait à plus d’étudiants d’en profiter.
« Il y a des nuits(dimanche et lundi) où ce que je vendais ne suffisait même pas à couvrir mon déjà très maigre salaire. Mais le proprio avait ses raisons de tenir la place ouverte quand même. Rien à voir avec l’offre et la demande ou le gouvernement, au fait, en passant… »
Si le proprio est assez cave pour perdre de l’argent, tant pis pour lui.
« mais je crois que c’était avant tout pour absorber les frais encourus par ces heures d’ouvertures »
Possible mais le résultat est le même pour le consommateur.
Bon point Reblochon! Ça complète bien mon propos.
@ Reb
Oui, exact. Cet aspect de la chose était évoqué. Parmi bien d’autres: Grossir ou maintenir les chiffres pour vendre le commerce à court terme, la sécurité(il y a toujours quelqu’un(???)), c’est moins de trouble de rester ouvert que de fermer(???), les autres le font, parce que personne ne le fait…
Name it, les raisons sont aussi variées que les individus concernés. Et ce que j’ai pu humblement constater, c’est qu’aucune de ces raisons n’avait à voir directement avec « l’offre et la demande ».
C’est vrai que la publicité à long terme est un facteur, j’en conviens.